Dans le secteur du spectacle vivant comme de l'art contemporain, les lieux culturels publics et privés, fermés, ne passent plus de commandes. Ils ont des stocks pour deux ans et n'envisagent pas pour certains de retour à la normale avant 2023. Un coup dur pour la création, une nouvelle crise à venir pour la culture, déjà à l'arrêt depuis un an.
Voilà une conséquence du Covid-19 dont on n'avait pas mesuré l'ampleur. « Dans la culture, les commandes sont passées deux-trois ans à l'avance. Il y a tant d'oeuvres en attente d'être jouées que les auteurs ou compositeurs ne sont plus appelés, les institutions ont des stocks pour deux ans. On va entrer dans une nouvelle phase de la crise », confiait le patron de la Philharmonie de Paris, Laurent Bayle, aux « Echos » le 20 mars , faisant référence aux commandes musicales, aux expositions d'art contemporain, aux productions de théâtre ou de danse…
Des créations jamais jouées
De son côté, la Fédération des réseaux et associations d'artistes plasticiens sʼalarmait récemment de la fermeture des lieux de création, diffusion, résidence, qui maillent le territoire, tels que MixʼArt Myrys (Toulouse), Castel Coucou (Forbach), Mains dʼOEuvres (Saint-Ouen), complémentaires des FRAC, musées, foires et galeries d'art contemporain, aux portes closes également.
« Des créations n'existent pas tant qu'elles ne sont pas montrées. Or elles risquent de s'entasser quelque temps, en raison d'une suroffre. Si le secteur culturel repart au début de l'été, c'est récupérable, une fois ces créations largement absorbées par les festivals. En septembre, on fera le bilan. Mais il n'est pas exclu que des créations ne soient jamais jouées », reconnaît Paul Rondin, le numéro deux du Festival In d'Avignon, la Mecque du théâtre public.
Que dire des 1.300 compagnies du Off, le pôle privé du festival, contraintes de se produire dans de petits théâtres dont la capacité va être encore réduite par la distanciation et la désinfection entre chaque spectacle ? Si encore le Off peut se tenir… C'est pourtant un marché où s'achètent 20 % des spectacles de l'année.
« Il va y avoir un grand embouteillage à la réouverture des salles. 2021 et 2022 vont être des années de solde de tout compte, où sera sauvé ce qui peut l'être, au prix de beaucoup de reports », avoue Michel Orier, directeur de la musique et de la création à Radio France.
Le virus accroît les inégalités
« Il n'y a plus de...
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