Une nouvelle étude de l’Université Nice - Côte d’Azur appelle à la prudence concernant la reprise pour les orchestres dans les salles des concerts. « Jouer en orchestre correspond à faire un jogging tranquille », alerte son initiatrice, la flûtiste Anne Maugue.
Fin mai, les conclusions de deux études sur les dangers de la propagation de la Covid-19 par la pratique musicale, menées en parallèle avec les musiciens de l’Orchestre symphonique de Bamberg et de l'Orchestre philharmonique de Vienne, se voulaient optimistes :
« … seules de petites quantités d'air par unité de temps s'écoulent réellement de la bouche du chanteur ou du pavillon de l'instrument à vent. » Résultats plutôt rassurants pour les formations orchestrales et vocales, toutes à l’arrêt depuis mars.
Mais voilà que les résultats préliminaires d’une étude effectuée à l’Université Nice Cote d’Azur viennent remettre en cause ces résultats. Son initiatrice, étudiante en sciences du sport et musicienne Anne Maugue, explique : « Notre étude nous invite à la prudence par rapport à la reprise des concerts et des répétitions en salle, parce qu’elle démontre que lorsque les musiciens en orchestre jouent avec la plus grande intensité, leur dépense énergétique et leur essoufflement sont 3 ou 4 fois plus importants que ceux qui sont mesurés sur le même nombre de personnes dans un bureau. »
Lorsqu’elle a lancé cette recherche avant la crise de la Covid-19, Anne Maugue, flûte solo à l’orchestre de Monte Carlo, voulait caractériser l’activité physique des musiciens, de la même façon que les chercheurs s’intéressent aux joueurs de foot ou aux athlètes : « Je pratique le badminton en amateur, explique-t-elle, et un jour je me suis rendue compte que la préparation physique que je faisais pour le badminton m’était très utile pour jouer de la flûte six heures par jour ». Au départ, son objectif était d'en savoir plus sur les conditions de préparation optimales et la prévention de la santé des musiciens professionnels. « L’hypothèse de ma démarche est que toute préparation cardiorespiratoire permet de gagner en endurance par rapport à notre activité de musicien », poursuit la chercheuse.
Pour mesurer l’intensité de la pratique musicale, un panel de 31 musicien représentatifs d’un orchestre symphonique a été soumis aux tests cardiorespiratoires et spirométriques, et on a mesuré également leurs échanges gazeux avec un masque lorsqu’ils jouent pendant un temps donné et avec une intensité maximale. Ces résultats ont été comparés avec leurs performances sur un tapis roulant. Ensuite, pendant plusieurs mois, ces musiciens ont été soumis aux mêmes tests au cours de leur pratique professionnelle quotidienne : en répétition, en concert, en enregistrement ou en tournée. « L'objectif, c'était aussi de savoir s'il y avait d'autres paramètres qui pouvaient rentrer en ligne de compte pour impacter ces résultats, comme la fatigue, » précise la chercheuse.
« On s'est rendu compte qu'en fait, d'une manière générale, jouer en orchestre, ça correspond à faire un jogging ou faire du vélo relativement tranquillement et c'est ce qui nous a permis justement de comparer avec la dépense énergétique et les échanges gazeux avec quelqu'un qui serait à son bureau. »
Des recherches plus poussées seront nécessaires pour détailler ces données par rapport aux différents groupes instrumentaux dans un orchestre, les données qui varient aussi en fonction du répertoire joué, précise Anne Mauge. « Par contre, ce qui est intéressant là, dans le contexte de la Covid-19, c'est qu'on a...
Lire la suite sur francemusique.fr