Après l’annulation du Festival d’Avignon, deux troupes, l’une qui devait jouer dans le « in », l’autre dans le « off », disent leur déception, leur désarroi et leur inquiétude pour leur avenir.
Toutes deux devaient être sur le pont, ou plutôt sur le tremplin d’Avignon, cet été. Deux jeunes compagnies de théâtre, « émergentes », comme on dit au ministère de la culture, qui jouaient gros avec leur passage au Festival. L’auteure et metteuse en scène Tiphaine Raffier, 34 ans, avec sa compagnie La Femme coupée en deux, faisait partie de la programmation du « in », avec La Réponse des hommes, création librement inspirée par les « œuvres de miséricorde » de l’Evangile selon Matthieu. Le metteur en scène Jules Audry, 29 ans, avec sa compagnie Future noir, devait jouer au 11, une des bonnes salles du « off », son spectacle Comme une vague, d’après Les Malades, d’Antonio Alamo (Les Solitaires intempestifs, 2006), texte qui met en scène la dernière soirée de Staline, en février 1953.
Puis est tombée l’annonce de l’annulation, le 13 avril pour le « in », le 16 pour le « off ». Pour les deux troupes, l’impact va être « énorme », affirment Tiphaine Raffier comme Jules Audry. Même si l’échelle n’est pas la même : le budget de création pour La Réponse des hommes est de 650 000 euros, il est dix fois moins important pour Comme une vague, à 65 000 euros.
Du côté de La Femme coupée en deux, ce printemps et cet été 2020 devaient être ceux d’un changement de braquet, de l’entrée dans la cour des grands. La compagnie devait présenter deux créations précédentes, Dans le nom (2014) et France-Fantôme (2018), à l’Odéon-Théâtre de l’Europe fin avril, avant de lancer La Réponse des hommes, dont les répétitions étaient prévues en juin à Avignon. « C’était l’aboutissement de dix ans de travail, assurent Tiphaine Raffier et son administratrice, Sabrina Fuchs. Même si on ne fait sans doute pas partie des compagnies dont l’existence est directement menacée, on cumule les problèmes. »
Comme beaucoup d’autres, la compagnie a l’impression d’être face à « un château de cartes dont les éléments s’écroulent les uns après les autres. L’exploitation de nos deux créations à l’Odéon devait normalement déboucher sur deux ans de tournée, ce qui permettait de monter les productions suivantes et de faire vivre la compagnie pendant deux ans, expliquent-elles. Autre difficulté : comment et où répéter La Réponse des hommes, dans un contexte de déconfinement progressif ? Or on a absolument besoin de...
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