Si le courrier adressé samedi au premier ministre ne donne pas lieu à une réponse, le président de la Métropole de Lyon envisage de rouvrir deux musées malgré l’interdiction gouvernementale.
Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard (EELV), le maire (EELV) de Lyon, Grégory Doucet, et Cédric Van Styvendael, maire (PS) de Villeurbanne et vice-président métropolitain de la culture, ont cosigné un courrier adressé à Jean Castex, samedi 12 décembre, dans lequel ils réclament la réouverture des lieux culturels dès le 15 décembre. Jeudi 10 décembre, le chef du gouvernement a prévenu que, pour faire face à la crise sanitaire, les lieux culturels ne pourraient pas ouvrir en France avant janvier 2021, et non le 15 décembre comme cela avait été envisagé dans un premier temps. Une annonce qui a provoqué la colère et l’incompréhension du monde culturel.
« Nous vous demandons de prendre en considération les efforts faits, en responsabilité, par l’ensemble des salles, des musées et de tous les acteurs culturels pour assurer la sécurité de leurs publics. Et, en conséquence, d’autoriser leur réouverture au 15 décembre. Il en va, nous le croyons, de notre humanité commune », écrivent les trois élus au premier ministre, dans le courrier que Le Monde a pu consulter.
Le président de la Métropole de Lyon et les deux maires invoquent le respect des normes sanitaires pour justifier leur demande : « Les protocoles sanitaires sont organisés, les jauges calculées, les équipes d’accueil rodées. Le public accepte les consignes de préréservation et de distanciation, comme l’a d’ailleurs montré la période entre deux confinements où aucun cluster n’est parti de lieux culturels. »
« Une société plus que jamais fracturée »
Ils dénoncent aussi « l’absurdité » de la situation : « Les lieux de grands passages – centres commerciaux, aéroports, gares, métros ou encore l’ensemble des commerces – ont repris leur fonctionnement, tandis que les lieux de culte ont obtenu le droit à accueillir du public notamment par un recours devant le Conseil d’Etat. Et la culture ? Elle attend. Et se meurt. »
Outre la référence à la pièce d’Eugène Ionesco Le Roi se meurt, les trois signataires citent Albert Camus pour convaincre le premier ministre d’une décision salutaire : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Pour eux, la culture joue un rôle déterminant dans une « société plus que jamais fracturée ».
A Lyon, par exemple, le Musée des Confluences est fermé, mais sa boutique est ouverte. « Un modèle de société reposant essentiellement sur la capacité à surconsommer ne saurait réduire les inégalités, ni retisser du lien », disent les élus lyonnais à Jean Castex.
Si le courrier reste sans réponse, le président de la métropole envisage de...
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