Retour des jauges, interdiction des concerts debout… Les nouvelles restrictions annoncées par le gouvernement lundi soir compromettent la sortie de crise du spectacle vivant, qui déplore le manque de concertation.
La tournée d’Orelsan devait commencer le 15 janvier par le Zénith de Caen, la ville où il a grandi. Puis enchaîner avec Rouen, Lille, Amiens. Son démarrage est aujourd’hui compromis. C’est également le sort de tous les concerts prévus dans les grandes salles de spectacles de type Zénith, Palais des sports ou Arena, dont la jauge sera limitée, dès le 3 janvier et pour trois semaines au moins, à 2 000 personnes. Elles accueillent d’ordinaire de 6 000 à 40 000 spectateurs selon les lieux. Les jauges en extérieur sont limitées à 5 000 et les concerts debout sont, quant à eux, strictement interdits pour la même durée, avec, pour conséquence, l’annulation pure et simple de nombreuses dates et la fermeture de plusieurs salles qui ne peuvent accueillir de public assis, faute d’espace suffisant.
Au Prodiss, premier syndicat national représentatif du spectacle vivant privé, on se dit à moitié surpris par ces décisions. «Nous nous attendions à de mauvaises nouvelles, étant donné l’ampleur de la crise sanitaire», explique Olivier Darbois, son président qui, comme Laurent Decès, du SMA, l’autre syndicat représentatif de la profession, aurait toutefois apprécié d’être prévenu, sinon consulté.
«Le signal est mauvais car nous sommes revenus à des décisions de crise, dans l’urgence», déplore Laurent Decès. La nouvelle, surtout, plombe un peu plus le moral d’un secteur qui, doucement, commençait à reprendre des couleurs, selon Olivier Darbois. «Nous pensions aller vers les beaux jours, mais ce variant contrarie tout. Entre les annulations de dates à gérer et les cas de Covid, tout l’écosystème des concerts est de nouveau en danger.»
Ardemment défendu par le Prodiss, qui y voyait une garantie de rester ouvert après une année 2020 noire sans concerts ni festivals, le passe sanitaire n’aura pas été le bouclier espéré pour le monde du spectacle musical. Certes, il a permis la tenue d’une partie des festivals cet été (en version réduite) et offert une rentrée digne de ce nom. Mais il n’est manifestement plus suffisant aux yeux du gouvernement face à la menace du variant Omicron et de son extrême contagiosité.
Détournements sur les réseaux sociaux
À l’exception des meetings politiques — protégés par la Constitution et pour lesquels l’État ne peut imposer ni jauge ni contrôle d’identité ou de passe sanitaire —, les grands rassemblements, musicaux ou sportifs, sont à nouveau considérés comme des lieux à risque qu’il convient donc de limiter. Sur les réseaux sociaux, les détournements n’ont pas tardé. Ce matin, Eddy de Pretto, Julien Doré s’improvisaient candidats à l’élection présidentielle sur des affiches satiriques. «Le signe que l’humour préside encore dans notre milieu, même si on accuse le coup», commente Olivier Darbois.
La décision du gouvernement n’en semble pas moins absurde à Laurent Decès, du SMA, dont les adhérents, de petites et moyennes salles en majorité, sont particulièrement touchés par cette mesure : «Cibler les concerts debout plus que d’autres événements festifs ne nous semble ni fondé ni rationnel. C’est le côté agaçant de ces décisions. Nous aurions pu imaginer des solutions différentes, pour régler les points faibles de nos protocoles.»
À l’instar des bars et la restauration, essentiels à l’équilibre financier des salles et des festivals, surtout dans le secteur privé : le public debout a tendance à y circuler son verre à la main. «Mais pourquoi empêcher les gens qui ont un passe d’assister à un concert debout s’ils portent un masque ? Nous aurions pu mettre en place des espaces mieux séparés. Ou revenir aux jauges à 75 % qui étaient un moindre mal. On ne se contamine tout de même pas que dans les concerts…»
Une réunion avec le ministère de l’Économie et des Finances devrait être organisée dans les prochains jours afin de mettre en place le soutien nécessaire au secteur. Le Prodiss et le SMA y assisteront. «Nous avons besoin d’aides adaptées aux salles, aux producteurs, aux diffuseurs», insiste Olivier Darbois. Comme précédemment, les entreprises devraient pouvoir compter sur des dispositifs transversaux (activité partielle prolongée jusqu’au 31 janvier, par exemple, ou prêts garantis) et des aides spécifiques attribuées par ...
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