Les acteurs du spectacle vivant et du cinéma vont recevoir respectivement 85 millions et 30 millions d’euros d’aides supplémentaires « pour éviter l’effondrement », a annoncé la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, jeudi 22 octobre.
« Nous avons besoin de culture, et peut-être encore plus pendant cette crise qui affecte notre capacité à nous rassembler » : conviée à intervenir jeudi 22 octobre lors de la conférence de presse du premier ministre, Jean Castex – au cours de laquelle il a annoncé l’élargissement du couvre-feu à 38 départements supplémentaires et en Polynésie –, la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, s’est voulue combative. Après le fonds d’urgence et le fonds de soutien, Mme Bachelot a annoncé une série de mesures supplémentaires « pour éviter l’effondrement » du spectacle vivant et du cinéma, et pour « préserver l’accès de tous à notre culture ».
Alors que la fermeture à 21 heures des lieux recevant du public a une incidence très forte sur le secteur culturel – obligeant les théâtres et les salles de concerts à modifier leurs horaires et les salles de cinéma à se priver des séances du soir –, 115 millions d’euros vont être affectés à ces secteurs culturels pour les aider à surmonter les effets du couvre-feu.
Ainsi, 85 millions d’euros seront débloqués pour le spectacle vivant afin de compenser les pertes et de permettre de « jouer même à jauge extrêmement réduite », a précisé la ministre. Pour le secteur cinématographique (où les deux séances du soir représentent la moitié du chiffre d’affaires des salles), 30 millions d’euros seront affectés pour que « les cinémas ne ferment pas et que les sorties de films soient maintenues ». Selon Mme Bachelot, il s’agit d’« un nouvel effort exceptionnel pour que notre culture ne s’arrête pas ».
« Catastrophe économique »
Quelques heures avant la conférence de presse, plusieurs organisations professionnelles du cinéma et du spectacle vivant avaient été reçues à Matignon. « Ce que nous a dit le premier ministre nous fait peur : si l’évolution sanitaire se dégrade, des mesures plus drastiques pourront être prises dans une dizaine de jours. Si on va vers un couvre-feu à 19 heures, nous serons dans l’impossibilité de jouer », s’inquiète Bertrand Thamin, président du Syndicat national du théâtre privé (SNTP). Il considère que les mesures financières supplémentaires constituent « une bonne prise en compte de la catastrophe économique du secteur ».
Nicolas Dubourg, président du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), rappelle qu’« au-delà de la sauvegarde des lieux ce sont les artistes et les compagnies qui sont les plus fragiles ». Alors que l’année blanche pour les intermittents du spectacle est prévue jusqu’au 31 août 2021, plusieurs organisations professionnelles demandent que « son prolongement soit étudié ».
Conscient que cette crise sera longue, M. Debourg plaide pour « une adaptation à cette nouvelle donne ». « Pourquoi ne pas mobiliser les artistes pour aller, par exemple, à la rencontre des jeunes, dans les établissements scolaires et dans les quartiers ? », propose-t-il. « Il faut afficher la dimension service public de l’art, continuer à assurer cette part-là de la société », défend le président du Syndeac.
« On a été entendus »
De leurs côtés, les professionnels du cinéma se disent plutôt satisfaits des nouvelles aides, élaborées ces derniers jours avec le cabinet de Mme Bachelot. « On a été entendus, le besoin de soutien exprimé par les professionnels a été compris », se réjouit Etienne Ollagnier, distributeur (Jour2Fête) et président du Syndicat des distributeurs indépendants (SDI). Mais, ajoute-t-il, « il va falloir se mettre autour de la table et prévoir une régulation du dispositif pour qu’il profite à tous. Pour l’heure, le complément de prix prévu sur chaque billet d’une salle située en zone de couvre-feu, et reversé aux distributeurs, profitera en toute logique davantage à ceux qui sortent des films pour le grand public ».
Quant aux distributeurs qui ne peuvent actuellement sortir des films en salle, faute de moyens, ou parce que le plan de sortie prévoyait des projections en soirée avec rencontres et débats, « ils disparaissent en quelque sorte des statistiques et ne bénéficieront pas de l’enveloppe annoncée aujourd’hui par l’Etat », relève M. Ollagnier.
« Ces mesures supplémentaires détaillées par la ministre sont une extension du plan annoncé en septembre. Elles sont souples et réactives au regard de la situation. Cette enveloppe devrait inciter les distributeurs à sortir des films et les exploitants à laisser les salles ouvertes », estime, pour sa part, Marc-Olivier Sebbag, délégué de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), qui regroupe la totalité des...
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