La situation au sein du Théâtre de l'Union, Centre dramatique national du Limousin était tendue avec la direction depuis des mois. Elle a explosé aux yeux du grand public jeudi soir, à l’issue d’une représentation.
Quel meilleur endroit que la scène, aux yeux des personnels d'un théâtre pour s’exprimer, pour parler de leur souffrance. Jeudi soir, les salariés de l’Union, vêtus de noir, ont pris la parole. Pas pour jouer... Mais pour dénoncer la situation conflictuelle qu'ils vivent en ce moment au sein de la structure. Romane Bohringer venait de jouer l'Occupation et leur a laissé la parole.
Devant un public interloqué, une trentaine de salariés et de membres de l'académie se sont postés devant la scène pour évoquer ouvertement le management de la direction. Un à un, ils ont lu des passages de la lettre envoyée à la ministre de la Culture pour qu'elle prenne « la pleine mesure de la gravité et de l'urgence de la situation. »
Cette lettre a été signée par tous les membres de l’équipe permanente de l’Union (sauf les quatre membres de la direction, non sollicités) et envoyée à Roselyne Bachelot le 6 octobre. Elle a été adressée en copie aux organismes de tutelles, la région Nouvelle-Aquitaine, le conseil départemental, la mairie mais aussi la DRAC (direction régionale des affaires culturelles), ou encore la direction générale de la création artistique… Entre autres. Au total, 23 personnes étaient destinataires.
« La situation n'est plus tenable »
Dans ce courrier que le Populaire s’est procuré, intitulé « Crise au Théâtre de l’Union » (document ci-dessous), deux personnes sont expressément visées : Jean Lambert-wild, le directeur et sa compagne Catherine Lefeuvre.
Les salariés y parlent notamment du « comportement insidieux du couple de direction [qui] met clairement en danger certains membres du personnel et nuit au bon fonctionnement du théâtre ». Et les salariés d’ajouter : « La situation n’est aujourd’hui plus tenable. Dans les jours qui viennent, nous ne saurions guère exercer plus longtemps notre droit de réserve ».
Contactés sur le sujet, plusieurs salariés exerçant au théâtre ou à l’académie (association qui forme durant 3 ans les acteurs) font part de tensions existantes au sein de ces deux structures, du mal être au travail qu’ils disent ressentir. En cause, les « colères » que piquerait Jean Lambert-wild, « la dérive autoritaire » vis-à-vis de certains jeunes à l’académie, « le mépris des personnes dans leur compétence » et « la catastrophique gestion du personnel » dont il ferait preuve. « C’est très tendu, le personnel en a assez », assure une personne sous couvert d'anonymat.
Des accusations fortes à l'encontre de Jean Lambert-wild que nous avons joint par téléphone ce jeudi. Le directeur s'est dit extrêmement étonné. « J'en tombe des nues ! Il y a visiblement des tensions internes, je suis bien obligé de le concevoir en apprenant l'existence de cette lettre. Mais je n'en avais pas connaissance jusqu'alors et je ne veux pas que cela perdure. » (voir sa réaction en encadré).
Les autorités de tutelle en cause
Mais ce qui ressort aussi de cette lettre, c’est le ressentiment des salariés à l'encontre des pouvoirs publics. En mars 2020, une inspectrice du ministère de la Culture avait été envoyée trois jours à Limoges et avait auditionné quasiment tous les personnels. « La venue de l’inspectrice a été perçue comme une opportunité de mettre en lumière de graves dysfonctionnements de notre direction aussi bien d’un point de vue professionnel que moral », est-il écrit dans le courrier.
Sauf que, toujours selon le personnel de l'Union, le rapport n’aurait été suivi d’aucun effet et n’a jamais été transmis aux salariés. Les demandes auprès de la direction pour l’obtenir sont restées lettre morte. « C'est un rapport qui ne m'appartient pas, se défend Jean Lambert-wild, et je ne suis pas légitime à communiquer un tel document. »
« Le rapport a été présenté à la mairie, au conseil départemental, à la région Nouvelle-Aquitaine. Le personnel attendait beaucoup de ce rapport et des élus. Tout le monde se disait que ça allait forcément bouger. Et puis non, c’est juste incroyable », s’étonne l'une des personnes interrogées.
« Des personnes ont été ciblées par le directeur, notamment l’administratrice qui a osé remettre en cause sa façon de gérer », dit une personne interrogée.
Contactée sur cette souffrance au travail exprimée par les personnels et sur le rapport, Huguette Tortosa pour la région Nouvelle-Aquitaine n’a pas souhaité évoquer le sujet. Du côté du conseil départemental, Fabrice Escure le vice- président chargé de la culture a indiqué « ne pas vouloir faire de commentaires. Il faut que nous prenions connaissance de tout ça », a-t-il assuré en faisant référence à la lettre reçue le jour-même. Nous n’avons pas réussi à joindre Philippe Pauliat-Defaye.
Mais la ville de Limoges a répondu, via son service communication être « attentive à la situation du Théâtre de l’Union [...] La gouvernance de ce théâtre ne relève pas de la Ville, mais elle est bien évidemment tout autant attentive à son bon fonctionnement puisqu’il participe pleinement au...
Lire la suite sur lepopulaire.fr