L'étude EY, que rend public le Prodiss aujourd'hui, évalue la perte pour le secteur des musiques actuelles entre 1,7 et 2 milliards d'euros cette année. Les professionnels ne veulent pas une reprise dans des conditions dégradées pour les artistes comme pour les spectateurs.
Alors que le ministre de la Culture militait dernièrement sur les antennes pour l'ouverture progressive des salles de spectacles et des théâtres, la réorganisation peu à peu de concerts y compris en extérieur, pour permettre aux artistes de retrouver leurs publics, les professionnels sont plus mitigés et attendent avec impatience les annonces du premier Ministre ce matin.
Alors que la crise sanitaire paralyse depuis trois mois le spectacle vivant, les entrepreneurs privés ne souhaitent pas reprendre leur activité à n'importe quelles conditions : « le plan de déconfinement doit tenir compte des réalités artistiques, économiques, et structurelles de la production et de la diffusion d'un spectacle » plaide le Prodiss, syndicat représentant 80 % du secteur des musiques actuelles.
Pour clarifier les choses, l'organisation professionnelle a demandé à EY de faire un état des lieux : selon le cabinet d'audit, si aucun spectacle ne reprend avant janvier 2021, 84 % du chiffre d'affaires de cette année sera perdu, soit 1,8 milliard d'euros ; et sans soutien financier, 51 % des entreprises du secteur (à 99 % des TPE/PME) seront menacées de faillite en 2020 ou 2021.
Conséquences sociales : une réduction de 76 % des emplois d'artistes et techniciens intermittents (-22.000) et de 46 % des salariés permanents (-4.200). Et les risques de défaillance menacent 2.800 à 3.300 salariés permanents supplémentaires sur 2021.
Au-delà des emplois du spectacle vivant privé stricto sensu, la perte d'activité affectera son écosystème. Car ces spectacles rassemblent 30 millions de spectateurs annuellement, et pour 1 euro généré par cette industrie, 1 euro supplémentaire est créé parmi les prestataires et au sein de l'économie touristique.
Constat sévère
La sévérité de son constat rejoint d'autres études récentes. Celle du Centre national de la musique, qui inclut elle la musique classique, table sur des pertes de 1,7 à 2 milliards, selon que le secteur reprend progressivement cet été ou seulement en fin d'année. Et celle de SoFest pour France festivals conclut à un manque-à-gagner de 2,3 à 2,6 milliards d'euros pour les territoires, avec 30.000 intermittents impactés, du fait de l'annulation des festivals de spectacle vivant. On voit bien en prenant en compte ces 3 études aux périmètres différents, que les dégâts sont au total encore bien plus considérables.
Pour en revenir à l'étude EY sur les musiques actuelles, le COVID-19 pourrait entraîner l'annulation cette année de plus de 9.600 spectacles, soit 80 % de tous ceux qui auraient dû se tenir en 2020. Certains événements pourront être reportés, mais pas tous, au regard de l'encombrement à venir dans les salles et festivals. Cela va créer aussi de...
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