« J’ai d’abord vécu l’arrêt brutal des répétitions avec une profonde tristesse. Nous étions dans un moment d’effervescence, d’extrême concentration à cinq semaines de la création. Les danseurs étaient au mieux de leur forme physique, sensible, imaginative… » Le chorégraphe José Montalvo, confiné à Créteil où il dirige la Maison des arts, se souvient du vendredi 13 mars. Il a fermé le studio et fait une réunion improvisée avec les seize interprètes de son futur spectacle Gloria, prévu à partir du 24 avril au Théâtre national de Chaillot, à Paris. « Il a fallu apaiser leurs désillusions, leurs déceptions », ajoute-t-il.
Nombreux sont les chorégraphes en cours d’élaboration d’une nouvelle pièce qui ont dû plier bagage. Parallèlement à la gestion des contrats et de l’intermittence, celle des tournées annulées qui vont impacter la diffusion de la saison 2020-2021, se replier chez soi est une autre épreuve. « J’ai de la chance d’une certaine façon, s’exclame Emanuel Gat. Je venais de terminer une deuxième période de répétitions de Lovetrain2020, qui doit ouvrir le 20 juin le festival Montpellier Danse. La prochaine session devrait démarrer mi-mai. On verra bien. »
Invité pour la première fois à l’Opéra national de Paris, Alan Lucien Oyen est de retour à Bergen, en Norvège. Après cinq semaines de répétitions, il a mis entre parenthèses sa création pour une trentaine d’interprètes, attendue du 11 avril au 11 mai, au Palais Garnier. « J’ai vu les danseurs pour la dernière fois jeudi 12 mars sans savoir que je ne les reverrai plus, se souvient-il. Je me sens actuellement comme “gelé”. Mon travail se fait d’abord avec eux dans le studio dans un lien journalier et progresse au fil du temps. Créer ensemble est un processus très intime qui demande beaucoup de confiance. Continuer sans eux en ce moment, sans cette relation quotidienne, me semble presque une trahison. » En attendant de reprendre les répétitions de cette production dont le report n’est pas encore annoncé, Alan Lucien Oyen a envoyé une lettre à la troupe pour évoquer la situation.
« Rendre l’attente féconde »
Si les danseurs peuvent peu ou prou conserver leur...
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