A l’heure du redémarrage, artistes, producteurs et directeurs de salles racontent leur vie privée de scène pendant plusieurs mois.
Malgré la pandémie, l’Olympia a conservé son rituel. Dans le showbiz, on est un peu superstitieux. Brigitte Fontaine verra son nom briller en lettres rouges sur le fronton seulement ce samedi 5 septembre, la veille de son concert. L’idole de la scène underground n’a pas reculé devant la jauge réduite à cause de la pandémie. À 81 ans, on ne peut pas reporter indéfiniment. Elle sera la première à remonter sur scène depuis le confinement. «La dernière fois, c’était il y a deux cents jours avec Van Morrison, racontent Laurent de Cerner et Christian Soulabaille, codirigeants de l’Olympia. La jauge autorisée était de 1 000 sur 2 000 spectateurs. Malgré ses 75 ans, il a eu le courage de donner deux concerts d’affilée. Ensuite, nos équipes se sont dit au revoir. Jamais on n’aurait pensé que cela durerait autant de temps avant de se revoir. On fait 300 concerts par an. Là, à date, on en est à 80.» Ces deux-là ont su s’adapter aux périodes post-attentats mais «les retrouvailles sont compliquées».
Paris est en zone rouge. Traduction: artistes, producteurs et patrons de salles ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Le préfet peut à tout moment interdire un concert, et prière de ne pas vendre tous les billets: il faut des fauteuils vides. Dimanche à l’Olympia, rien ne sera comme avant. Il n’y aura pas de barrières sur le boulevard, pas de première partie, pas de bar, pas de merchandising. Aux toilettes, ce sera le retour d’un Monsieur et d’une Madame Pipi. L’air sera renouvelé en continu à 100 % et non plus à 30 %. Pour que les spectateurs soient séparés, ce sera un travail d’orfèvre. «Nous avons repéré les groupes, explique Christian Soulabaille, mais les gens achètent surtout des billets par deux. Ceux qui ont prévu d’être assis à côté, nous ne le saurons qu’une fois dans la salle.» En coulisse, le micro désinfecté de Brigitte Fontaine l’attendra dans une pochette à son nom. Un fléchage guidera les techniciens masqués comme le public. À la fin du concert, les hôtesses viendront chercher les spectateurs zone par zone pour les accompagner aux différentes sorties.
À l’instar de Brigitte Fontaine, les artistes remontent sur scène un peu partout en France. Louis Chedid lance sa tournée à Forges-les-Eaux (Seine-Maritime). Arthur H et Marie-Agnès Gillot se produiront trois fois au lieu de deux à La Seine musicale. Youssou N’Dour et Angélique Kidjo chanteront à la basilique Saint-Denis. Roberto Fonseca, Michel Portal et leurs amis sont à l’affiche de la Philharmonie. C’est un frémissement. Seuls les concerts devant moins de 5 000 spectateurs assis et masqués sont possibles. Avec les interdictions et les quinzaines imposées, les artistes internationaux ne peuvent toujours pas venir. À ce train-là, on pourrait ne jamais revoir...
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