Frappés de plein fouet par l’épidémie du Covid-19, les acteurs du monde de la culture attendent avec anxiété les annonces du gouvernement. Et préparent des scénarios de reprise.
Devant tous les cinémas de France, quelques nostalgiques, autorisation de sortie en poche, contemplent les affiches. Ce sont celles des films sortis la semaine qui a précédé le confinement. Cruel, le soleil les a souvent jaunies. Plus de nouveaux films, aucun spectateur, du jamais-vu depuis que le cinéma existe. À Bussang, dans les Vosges, le Théâtre du peuple fondé par Maurice Pottecher a annoncé la semaine dernière que sa saison d’été n’aurait pas lieu: une première depuis la Seconde Guerre mondiale, précise le communiqué qui évoque «un déchirement». À Paris, jouant la carte de l’ironie, le Théâtre de l’Européen affiche sur sa façade qui s’illumine le soir venu: «6 semaines à guichets fermés. Un record.»
«Annulation», ce mot est devenu celui de la culture depuis le début du confinement. On a d’abord annulé les spectacles en cours, ceux du mois d’avril, avant d’annuler la fin de saison et les festivals de l’été. Après nul ne sait. Des dizaines de communiqués, d’annonces ont déferlé sur les réseaux sociaux de la part d’acteurs culturels en grand désarroi. Cette triste litanie ne peut masquer le silence troublant du pouvoir politique à l’égard de la culture. On a beaucoup évoqué le désespoir des patrons de bars et de restaurants, on a glosé sur le cas particulier des barbiers et des coiffeurs. Quant à la culture, il a juste été rappelé qu’elle était indispensable en temps de confinement, comme le disait Emmanuel Macron aux premiers jours.
Un secteur économique clé
De fait, la culture est partout sur les écrans mais elle n’existe plus nulle part. Et c’est un déchirement. La difficulté à renoncer, exprimée par deux des principaux directeurs de festival, Olivier Py à Avignon et Thierry Frémaux à Cannes, en est la preuve. Mais ce sont des voix, pas des lobbys, bien utiles lorsqu’il s’agit d’être défendu comme un secteur économique clé. La culture en est un, qui draine aussi une activité touristique intense. «C’est un choc considérable pour nos filières, a expliqué au Figaro, Michel Orier, directeur de la musique à Radio France. Qui plus est dans un environnement économique global et général qui s’annonce très dégradé. Comparaison n’est pas raison, mais la situation qui se rapprocherait le plus de celle-ci est celle du pays après 1945. Une situation telle que nos générations n’en ont jamais connu. Avec une différence majeure par rapport à l’après-guerre: la culture n’a plus...
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