Pendant les cinq années que doivent durer les travaux du Musée national d’art moderne, la partie des effectifs directement affectés va être déployée sur d’autres sites. Au terme de plusieurs mois de grève, les syndicats ont obtenu des garanties d’emploi pour tous.
Un millier d’employés du Centre Pompidou seront-ils rémunérés sans avoir à travailler pendant cinq ans ? C’est ce que suggérait le directeur de galeries d’art Daniel Templon, dans une tribune publiée sur le site du Monde le 14 mai. Craignant notamment que la «marque» Beaubourg ne disparaisse et que le public ne se détourne vers les fondations privées durant la fermeture provisoire, pour travaux, du centre Pompidou, il écrit : «Sur le plan comptable, a-t-on mesuré l’incroyable gâchis qu’entraîne la promesse faite à un millier de personnels d’être payés pendant cinq ans chômés ? Quel établissement, en France et dans le monde, accepterait un pareil gaspillage ?»
Ce chantier monumental, qui doit débuter début 2026 avec une fermeture au public à l’été 2025, va provoquer une délocalisation (souvent temporaire, parfois permanente) des activités du musée en plusieurs endroits ainsi que la tenue d’expositions «hors les murs», à travers la mise en œuvre du programme «Constellations». Contacté par CheckNews, le centre Pompidou rejette fermement toute affirmation selon laquelle les salariés resteraient des années à être payés sans travailler. Et affirme : «Chaque agent du centre, quel que soit son poste, poursuivra ses missions sur l’un des sites dans lequel le centre Pompidou va déployer son activité pendant la fermeture et œuvrera au sein du programme Constellation.»
Une grève de trois mois
De fait, la question du personnel du centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC-GP) pendant les travaux n’est pas nouvelle. Leur sort a été l’objet de nombreuses inquiétudes, à tel point qu’une grève a été menée pendant trois mois au sein de l’institution culturelle, afin d’obtenir des garanties d’emploi, le maintien des effectifs pendant toute la durée des travaux ainsi que le non-recours à une externalisation massive. La sortie de crise a été trouvée au mois de janvier, par la signature d’un protocole relatif à l’accompagnement des équipes, signé par les syndicats majoritaires. Ce document, consulté par CheckNews, établit «qu’aucun agent ne sera licencié» et que «le CNAC-GP proposera aux agents en CDI, aux fonctionnaires et aux agents dont le CDD est en cours au moment du déménagement, à temps plein, à temps partiel et à temps incomplet, une activité et un lieu de travail qui concilie les besoins du centre et la prise en compte des aspirations et des situations individuelles des agents concernés».
Concrètement, indique à CheckNews Alexis Fritche, secrétaire général de la CFDT Culture, «sur le millier de postes à équivalent temps plein que compte le CNAC-GP [ils étaient 1 045,5 en 2022 selon un rapport de la Cour des comptes, ndlr], la moitié environ ne va pas changer de lieu de travail, puisqu’ils se trouvent dans des bâtiments autour du musée, non concernés par les travaux. Il s’agit des effectifs de la conservation, de l’édition, de la médiation, mais aussi de la présidence et des services généraux. Eux ne vont pas bouger physiquement.» Et de poursuivre : «Pour la seconde moitié des effectifs, il y a deux cas de figure : d’une part les agents de sécurité, d’accueil et de surveillance, qui bénéficieront d’une convention signée avec le Grand Palais et iront donc y travailler. D’autre part, les agents dont il était de toute façon prévu qu’ils déménagent au nouveau pôle de conservation et de création, à Massy, seront installés dans des bureaux au nord de Paris en attendant que ce nouveau centre ouvre.» Intitulée «centre Pompidou francilien», cette infrastructure devrait ouvrir ses portes à l’été 2026.
Lire la suite sur liberation.fr