Numérique, solidarité, écologie, nouveaux équipements : Carine Rolland a présenté les priorités de sa mandature. La nouvelle adjointe à la culture d’Anne Hidalgo veut rassembler les Parisiens et soutenir les artistes.
On a parfois eu du mal à cerner les lignes directrices de la politique culturelle parisienne, qu’ont notamment incarné les deux derniers adjoints d’Anne Hidalgo chargés de la mettre en œuvre, Bruno Julliard puis Christophe Girard jusqu’en juillet 2020. Carine Rolland, la nouvelle « Madame culture » de la Ville, a, elle, clairement présenté en début de semaine ses priorités, soulignant que deux cents événements s’étaient tenus cet été, malgré tout. Résumons-en l’esprit : la culture pour tous, et la chasse au gaspi. Pas un mot en revanche sur le budget qu’elle y consacrera, l’élue ayant juste rappelé qu’un plan de soutien au secteur de 15 millions d’euros avait été voté au printemps.
Prendre soin de l’argent public
Auparavant élue socialiste du 18e arrondissement, Carine Rolland a intégré l’équipe d’Hidalgo en juillet pour s’occuper de la « ville du quart d’heure », concept-phare inauguré pendant la campagne qui veut que tout ce dont les Parisiens ont besoin – écoles, médecin, commerces, activités… – soit accessible en quinze minutes à pied ou à vélo. Également en charge de la culture depuis la démission de Christophe Girard, celle qui ne croit pas à l’existence de « publics éloignés » souhaite que « les Parisiens s’emparent de leur droit à la culture », en réaffirmant le rôle de passeur de la municipalité entre les publics et l’offre. Et Paris ne manque pas d’atouts en la matière : ses espaces de résidences d’artistes, théâtres, lieux de pratique amateur, musées, bibliothèques… en font la ville « la mieux dotée au monde », selon l’élue. Qui promet d’entretenir mais aussi d’amplifier l’existant.
Carine Rolland a ainsi annoncé l’ouverture d’un « chantier sur la mémoire et les identités parisiennes » et la construction de trois équipements, dont un « site dans le nord de Paris qui accueillera, protégera et valorisera les réserves artistiques municipales et muséales », évoquant « statues » et « fragments archéologiques ». Mais quid des autres œuvres non exposées dans les musées ou au Fonds d’art contemporain ? Plus énigmatique encore, « un lieu immersif recourant au numérique » devrait « retracer l’histoire de Paris à travers les collections municipales », redonant leur place aux « minorités oubliées que sont les immigrés, les ultramarins, les Tsiganes ou la communauté LGBT » ; enfin, un nouveau site abritera les archives de Paris, mais on ignore s’il s’ajoutera ou se substituera à l’actuel, boulevard Sérurier.
Renforcer son action sur le numérique
La Mairie entend renforcer son action sur le numérique, en continuant de numériser les œuvres de ses musées — plus de 160 000 le sont déjà. Les cours d'histoire de l’art du Petit Palais seront accessibles en streaming et des podcasts présenteront au jeune public les musées de la Ville. Quatre médiathèques devraient aussi voir le jour, d’abord dans le 19e arrondissement (seul à ne pas en compter) puis dans les 13e, 14e et 20e. Ces « tiers lieux » culturels, publics et gratuits, où l’on joue, navigue sur Internet, fait ses devoirs, cherche du travail, apprend la cuisine (et lit des livres) devront être « écologiquement irréprochables », a défendu l’élue, qui souhaite que tous les futurs chantiers s’inscrivent dans le Plan Climat de la Ville. Trois mille nouvelles places devraient être créées dans les conservatoires parisiens, et un nouveau bâtiment verra le jour dans le 18e. Le tirage au sort pour les nouvelles inscriptions ne sera-t-il bientôt plus qu’un mauvais souvenir ? La pratique a fait l’unanimité contre elle, mais c’était « la moins mauvaise des solutions », justifiait Bruno Julliard lors de sa mise en place en 2015… avant d’en promettre l’arrêt trois ans plus tard.
Prônant la « sobriété », Carine Rolland a également appelé les « responsables d’institutions et d’événements culturels à porter grand soin à l’utilisation de l’argent public ». En clair, faire attention aux dépenses de réception, préférer le numérique au papier, et refuser l’entre-soi pour investir dans des actions de proximité et la création. L’élue va même plus loin en annonçant une réforme du système d’attribution des subventions, qui tiendra compte des engagements de la Ville en matière d’économie solidaire et d’écologie, de parité, de diversité dans la programmation, de solidarité et d’insertion de la jeunesse. On ignore...
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