Avec la fermeture des librairies depuis mi-mars, l’urgence sanitaire s’ajoute à la crise sociale, administrative et économique qui ravage le monde de la bande dessinée depuis des années.
«On voit bien qu’on va prendre un mur, mais c’est difficile d’estimer le degré de gravité tant qu’on ne l’a pas pris dans la tronche.» Les mots sont d’Olivier Bron, fondateur des éditions 2024 et président du Syndicat des éditeurs alternatifs, qui regroupe l’Association, Cornélius et près d’une cinquantaine de maisons. Avec la fermeture des librairies depuis mi-mars, l’urgence sanitaire s’ajoute à la crise sociale, administrative et économique qui ravage le monde de la bande dessinée depuis des mois, des années. Quelques semaines plus tôt, le rapport Racine remis au ministère de la Culture livrait des pistes clés pour une sortie de crise. De grandes espérances laminées par les demi-mesures qu’en a tiré Franck Riester et la rue de Valois. «On ne pouvait pas imaginer en janvier que l’urgence était si grande, explique Benoît Peeters, de la Ligue des auteurs professionnels. Cette nouvelle crise nous montre la justesse du rapport Racine et la gravité de son enterrement. Le problème de l’absence de statut pour les artistes-auteurs se confirme aujourd’hui de manière tragique. Le plongeon qu’est en train de vivre le secteur n’est peut-être pas aussi important que celui du tourisme, mais il est tout aussi violent. Les cafetiers et les restaurateurs sont bien identifiés et bénéficieront de filets de sécurité ; nous, on reste dans l’angle mort. C’est tout le problème de l’absence de la case, de la non-existence administrative des artistes. Il y aura des aides, mais la réponse sera individuelle et non collective. Ce sont toujours les plus malins ou ceux qui rentrent bien dans les critères qui en bénéficieront.» Les jeunes, qui ne peuvent justifier de trois livres, eux restent sur le carreau. Et les auteurs voient leurs aides conditionnées au niveau de revenu de leurs conjoints. Dans le genre, ça se pose là en matière de non-reconnaissance professionnelle.
Panser les plaies
«Le dispositif du Centre national du livre va finir par se mettre en place, mais on sait bien que ça ne sera pas à la hauteur, précise Olivier Bron. Selon les premières estimations, les libraires auraient besoin d’environ...
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