Pour la deuxième année consécutive, l'association AGI-SON (AGIr pour une bonne gestion SONore) publie son baromètre : une enquête auprès des 12-18 ans qui suit les évolutions de leurs pratiques musicales, mais qui interroge aussi sur les risques auditifs liées à celles-ci.
Réalisée auprès de plus de 8 000 collégiens et lycéens durant l'année scolaire 2018-2019, elle consiste en un questionnaire proposé après les spectacles du dispositif de prévention Peace&Lobe®, des concerts pédagogiques qui sensibilisent à l'histoire des musiques enregistrées et aux risques liées à l'écoute abusive.
Du côté des pratiques et des goûts, les résultats attestent de la popularité écrasante du hip-hop, apprécié chez plus de 75% des répondants, et de l'utilisation majoritaire du smartphone pour écouter de la musique. Le streaming, y compris payant, se développe toujours plus et devient la norme, au détriment du téléchargement : environ 70% des jeunes écoutent quotidiennement de la musique en streaming, et près d'un tiers possède au moins un abonnement payant.
La playlist est devenue un élément central de l'écoute musicale en ligne, et remplit un rôle de prescripteur puisque plus d'un jeune sur deux a déjà découvert un artiste via ces services, même si la façon la plus habituelle de découvrir de la musique reste les discussions entre amis.
Les jeunes écoutent de la musique très régulièrement, et souvent à des niveaux sonores élevés.
L'omniprésence de la musique dans la vie des jeunes est en effet soulignée par ce baromètre : 54% des jeunes écoutent au moins 2h de musique par jour, et plus de la moitié l'écoutent à un niveau plutôt fort, voire très fort. Les écouteurs ou les casques, dont la limite d'exposition hebdomadaire (et non quotidienne) recommandée par AGI-SON est de 2h, sont utilisés par 87,4% des jeunes. L'écoute de musique pour s'endormir, courante chez la moitié des enquêtés, est aussi dangereuse au regard des préconisations : les temps de silence sont indispensables au repos des oreilles.
Une surexposition qui a des conséquences, puisque plus d'un jeune sur trois a déjà eu un trouble auditif lié le plus souvent à l'écoute au casque ou aux soirées entre amis. Or, pour rappel, les lésions auditives sont irréversibles...
Le baromètre insiste par ailleurs sur l'importance des messages de prévention, et notamment des dispositifs comme les concerts Peace&Lobe®, qui peuvent avoir une véritable influence sur les pratiques d'écoutes des jeunes.
AGI-SON tire de cette enquête de nouveaux chantiers pour renforcer la prévention auprès des jeunes. Parmi ceux-ci, le développement de la prévention dans les soirées privées et les lieux de répétition, ainsi que l'obligation d'informer sur les risques auditifs dans les écoles de musique et les conservatoires.
L'éducation à la qualité sonore est aussi à approfondir : si 1/4 des jeunes déclarent s'y intéresser, ils ont tendance à prêter plus attention à la qualité du matériel plutôt qu'à la qualité de compression de l'oeuvre, qui a pourtant toute son importance puisqu'un enregistrement en bonne qualité permet une écoute à un niveau sonore moins élevé.
Agnès Lucas
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