Il se prolonge encore jusqu’à samedi. Le Off révèle pourtant son bilan dès aujourd’hui : il est exceptionnel ! Signe de l’appétence du public pour le théâtre, de la qualité des spectacles, mais aussi des difficultés de la filière.
Jamais encore on n’avait vu ça, connu ça, vécu ça, depuis la création du festival Off d’Avignon en 1966 par André Benedetto, poète dissident et opposé à Maître Vilar : 1 955 000 billets vendus, soit 26 920 350 euros de recettes de billetterie ! Même en 2019, avant que la pandémie ne ferme ou vide les salles, la vente des billets du Off n’avait rapporté que 12 millions. Que s’est-il donc passé pour provoquer si spectaculaire essor, alors que le Off compte cent spectacles de moins qu’en 2022 ? 1 491 quand même… dont 466 créations, le tout joué par 1 395 compagnies dans quelque 141 lieux, dont beaucoup ont plusieurs salles. Le festival In, que dirige Tiago Rodrigues, en dispose quant à lui d’à peine 20, pour ses 44 spectacles dont 32 créations. Comment rivaliser ? Même quand la jauge de la Cour d’honneur est de 1 947 spectateurs, celle de la carrière de Boulbon enfin rouverte de 1 200, et l’Opéra Grand Avignon de 840… Pas étonnant que le In n’ait vendu « que » 114 600 billets. Excellent chiffre pourtant, puisqu’il n’en propose que 121 600… Soit un remplissage des salles à 94 %. Le Off, lui, en offre 3 300 000 et n’obtient donc qu’un remplissage à 61 % ; mais il était de 51 % en 2019… Sacré chiffre ! Même sur une durée un peu plus longue que le In (du 5 au 25 juillet), puisque les spectacles s’y déroulent du 7 au 29 juillet
On avait bien pressenti ce record à voir dans les rues, devant les salles, ces longues files de spectateurs en short ou robes longues légères multicolores, capables d’attendre sagement plus d’une heure sous des températures de 39 °C. Et toujours frémissants d’impatience et de curiosité derrière leurs éventails et sous leur chapeau de paille. C’est là, dans ces files attentives et étrangement conviviales – tous des « fanas d’art drama » qui font leur pèlerinage estival –, que se joue beaucoup le miracle du Off et de la fervente communauté théâtrale si spéciale du Festival d’Avignon. Car les spectateurs se parlent, échangent leurs coups de cœur, leurs coups de gueule, rient ensemble, débattent, et le bouche-à-oreille fait son travail, remplit les salles. Le tractage des comédiens dans les rues est...
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