Les exploitants de salles veulent rouvrir peu à peu. Mais l'obligation d'une distance sociale, synonyme d'une réduction de 30 % à 40 % du nombre de spectateurs, ne leur permet pas de rentabiliser leurs spectacles. Comme au cinéma, les grosses productions attendent des jours meilleurs.
Pour les patrons des rares théâtres ouverts cet été, l'acte est avant tout militant, même si « le résultat n'est pas nul » en ce qui concerne la billetterie, souligne Jean-Marc Dumontet . Il a vendu de 50 à 70 places payantes par soir, sur une centaine disponible au Point Virgule et 150 à 250 sur une capacité de 400 sièges au Grand Point Virgule, ouvert du jeudi au dimanche. Et ce, sans affichage, car pas question d'engager des frais. « Après quatre moins d'interruption, il faut réamorcer la pompe », explique-t-il.
« Dans un théâtre comme La Huchette, ça ne se passe pas mal parce que c'est une petite jauge, une pièce très rodée, une équipe restreinte, mais dans d'autres salles, c'est difficile », constate Stéphane Hillel, président de l'Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP).
Il se montre très inquiet pour la rentrée. « On va sortir des radars des spectateurs, alors que l'on est fermé depuis le 8 mars ! Tant qu'on dira au public qu'il faut fuir les lieux confinés et porter le masque, ce sera compliqué », craint celui qui est aussi directeur associé du Théâtre de Paris, des Bouffes Parisiens, de la Michodière . Un signe : la clientèle des comités d'entreprise ou des groupes se contente de poser des options, aucun achat ferme.
Pas de billetterie possible
Les professionnels demandent au ministère de la Culture des directives sanitaires précises pour sortir de « ce flou estival ». « Les salles subventionnées, avec des sièges en façade et en placement libre, pourront plus facilement supporter une jauge diminuée de 30 % à 40 % par la distanciation sociale. Mais pas les théâtres privés à l'italienne, avec un placement numéroté. Et nous n'avons pas de logiciel de billetterie capable de laisser un siège vide entre deux groupes de personnes ; il faudrait revenir réserver au guichet », se désespère-t-il.
Si Stéphane Hillel salue les aides reçues pendant le confinement, notamment le fonds d'urgence de 5,8 millions d'euros alimenté par l'Etat, la ville de Paris, la région Ile-de-France, l'Adami (les artistes-interprètes), qui a permis de couvrir 10 semaines de charges fixes, il réclame une nouvelle enveloppe équivalente : « le Covid pose problème depuis bien plus que 10 semaines, ce serait un ballon d'oxygène ».
Une étude menée par le SNDTP et le CAMULC, syndicats des théâtres privés et des cabarets , a d'ailleurs estimé les pertes nettes prévisibles de ces secteurs à 100 millions d'euros sur l'année.
Pas de prise de risque
De fait, pour la relance de ses plus grands théâtres , Jean-Marc Dumontet reste prudent : « J'ouvrirai le Théâtre Antoine et le Théâtre Libre le 24 septembre, Bobino en octobre », prévient-il.
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