Un ex-membre du groupe catholique intégriste a été condamné à de la prison avec sursis pour avoir perturbé un concert de Kali Malone à Carnac. Un épisode loin d’être isolé, alors que l’Église souhaite “resocialiser” ses lieux de culte.
Cinq mois de prison avec sursis pour « entrave concertée et menace à la liberté d’expression ». Tel est le jugement prononcé par le tribunal correctionnel de Lorient, lundi 25 mars, contre un responsable local du mouvement catholique intégriste Civitas (depuis dissout par le gouvernement). Le soir du 13 mai 2023, l’homme avait instigué un rassemblement devant l’église carnacoise de Saint-Cornély, classée aux Monuments historiques. Objectif de cette trentaine de personnes : s’opposer à un concert de l’organiste américaine Kali Malone, qui se produit régulièrement dans des églises. Selon ces catholiques, son œuvre aurait une teneur profanatoire, voire « sataniste ». Peu importe l’autorisation du curé, peu importe aussi l’absence de réponse de l’évêque de Vannes à la missive que lui avait envoyée la section locale de Civitas, quelques semaines auparavant. Après un nombre certain de prières mariales récitées sous le porche de l’église, mais aussi de bousculades, le maire de Carnac s’était résolu à annuler le concert, prévu dans le cadre d’un événement soutenu par le ministère de la Culture et le Centre des monuments nationaux.
En France, l’annulation de concerts sous la pression de groupes catholiques intégristes identitaires devient récurrente. Qu’elles soient décidées le jour même, comme à Carnac, ou à Metz pour ce show de Bilal Hassani, ou plus en amont pour préserver la sécurité des artistes et du public (comme pour cette prestation parisienne de l’organiste suédoise Anna Von Hausswolff), ces annulations résultent de mobilisations certes minoritaires, mais diablement efficaces, qui recourent à des techniques rodées : lettres aux évêques et aux prêtres concernés, appels scandalisés à défendre la religion outragée sur les réseaux sociaux et certains sites de la sphère catholique réactionnaire, recours à la Vierge Marie et manifestations non autorisées sur les parvis, si nécessaire.
Une autocensure insidieuse
Quelques jours après l’annulation du concert de Kali Malone, des artistes, des avocats, des élus et des ecclésiastiques avaient publié une tribune sur les sites du Monde et de Télérama pour alerter sur la multiplication de ces atteintes à la liberté d’expression. Ils y dressaient une liste d’événements culturels censurés ou menacés entre le printemps 2021 et le printemps 2023.
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