Figure locale de Trappes, dénicheur de talents, metteur en scène, animateur d’ateliers d’improvisation à la Comédie-Française, l’homme de théâtre appelle, dans un entretien au « Monde », à un sursaut des artistes et du monde de la culture après les violences qui ont suivi la mort de Nahel M.
Pendant vingt ans, avec sa compagnie Déclic Théâtre, Alain Degois a organisé des ateliers d’improvisation théâtrale dans les collèges de Trappes (Yvelines). Celui que tout le monde surnomme « Papy » a, grâce à cette pratique, repéré le talent de Jamel Debbouze, mais aussi de Sophia Aram, d’Arnaud Tsamere ou d’Issa Doumbia. Figure locale de Trappes, il a été nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2013 par Aurélie Filippetti, alors ministre de la culture.
Metteur en scène (notamment de Marc Fraize et de Chloé Oliveres), Alain Degois, 60 ans, assure, à la Comédie-Française, des ateliers de formation à l’improvisation à l’attention d’enseignants et de comédiens. Il est également directeur artistique du Trophée d’impro, organisé chaque année par la fondation Culture & Diversité en faveur des collégiens relevant de l’éducation prioritaire et des zones rurales.
Quel sentiment avez-vous après les émeutes consécutives à la mort de Nahel M. ?
On est dans une période de pourrissement. La seule réponse apportée est de stigmatiser encore plus la banlieue, de dire que c’est la faute de l’immigration, des parents, et à aucun moment on interroge le rôle de l’institution publique. Les seules mesures prises sont sécuritaires (plus de police) et économiques (retrait des allocations familiales). Entendre dire que les choses « s’apaisent », ça me rend fou. Va-t-on attendre un prochain drame pour agir ? En tant qu’acteur culturel local, je me demande où est la réponse culturelle.
En dehors d’Omar Sy, très peu de personnalités du monde culturel se sont exprimées après la mort de Nahel. Comment l’expliquez-vous ?
C’est révélateur. Les artistes sont la tête dans le sable. Peut-être ont-ils peur de perdre leurs subventions ? La culture se mure dans un silence, alors qu’elle devrait crier. Où sont, par exemple, les Coluche ? Ce silence assourdissant du monde culturel est insupportable. S’est-on assagis à ce point-là ?
Que peut la culture ?
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