Selon une enquête de l’observatoire ADAGP-SGDL, artistes, photographes, écrivains et traducteurs expérimentent les outils d’IA générative mais en ressentent la concurrence. Certains voient déjà leurs revenus baisser.
«(IA) = Peut contenir des traces d’intelligence artificielle.» C’était un macaron lisible sur tous les outils de communication de la biennale de l’image de Vevey, à propos des œuvres réalisées – tout ou en partie – avec de l’IA. Par ce symbole calqué sur celui de la traçabilité des OGM, le festival suisse anticipait avec astuce la création d’un label demandé par les acteurs du secteur. Car c’est effectivement un des points que l’on retient du rapport présenté le 27 septembre par l’ADAGP et la SGDL, deux organismes professionnels,
Selon leur enquête menée au printemps et à l’été 2024 : 87 % des artistes auteurs interrogés – plasticiens, photographes, bédéastes, romanciers – seraient favorables à la création d’un label permettant d’identifier les œuvres créées par IA, notamment celles issues d’IAG (les Intelligences artificielles génératives sont entraînées sur des bases de données sans consentement des auteurs et produisent du texte ou de l’image – Midjourney, Chat GPT, Mistral…).
Tsunami génératif
Alors, y’a IA ou y’a pas IA ? Compte tenu de la difficulté à quantifier la proportion d’IA dans le processus créatif, le rapport de l’Observatoire ADAGP-SGDL propose plutôt l’idée de créer un label identifiant les œuvres qui «n’ont pas du tout recours à l’IA» afin de les démarquer de produits bas de gamme. Un label, donc, certifiant les pures œuvres de l’esprit humain, et qui pourraient avoir une fiscalité différente, pourquoi pas ? Réaliste, vraiment ? «C’est un peu comme pour la mention “photographie retouchée”, elle est devenue obligatoire sur tous les clichés à usage commercial lorsque l’apparence corporelle des mannequins a été modifiée, plaide Marie-Anne Ferry Fall, directrice de l’ADAGP. Cette obligation entraîne ensuite de meilleurs comportements, c’est-à-dire le recours à des mannequins moins culpabilisants pour les femmes.»
Un autre chiffre ressort de cette enquête : 16 % des artistes auteurs constatent dès aujourd’hui une baisse de leur activité qui «selon eux» est liée à l’arrivée des IA génératives. Cela peut paraître peu, a priori, mais c’est déjà le signe fort d’une bascule économique selon les observateurs. Dans le domaine des lettres, la proportion s’aggrave dans la traduction où 26 % déclarent avoir constaté une baisse d’activité avec le recours à l’IA de leurs commanditaires. Pour autant, l’enquête qui porte aussi sur les usages révèle que de nombreux artistes auteurs ont déjà utilisé un logiciel d’IA (41 %), en trouvant le résultat très satisfaisant. «Les auteurs ne sont ni technophobes, ni technolâtres, ils sont aux avant-postes des réflexions.» Restent que les organismes professionnels se sentent un peu «démunis» face au tsunami génératif.
«Assurance chômage»
Deux chiffres forts tout de même : 65 % des artistes auteurs sont clairement opposés à ce que leurs œuvres servent à entraîner les IA génératives sans toutefois savoir comment procéder à l’opt-out. La SGDL travaille en ce moment à...
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