Cinq festivals toulousains de musiques actuelles expérimentent un dispositif de prévention des violences sexistes et sexuelles en milieu festif, baptisé Main forte. Reportage à Rio Loco et aux Siestes Electroniques, où une quarantaine de bénévoles a veillé pour la première fois à grande échelle sur les fêtards.
Les festivals, leur bonne musique, les moments passés entre amis… Mais aussi « les regards insistants », « les mains baladeuses », « les frotteurs »… Il suffit de discuter avec des festivaliers et surtout des festivalières pour comprendre qu’ils et elles sont loin d’être épargnés par les violences sexistes et sexuelles. Selon une enquête réalisée par l’association Consentis en 2018, six femmes sur dix affirment avoir déjà été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle en milieu festif.
Alors que la parole se libère dans la sphère culturelle, des festivals commencent à s’emparer de la question. À Marseille par exemple, le festival Marsatac a lancé en 2021 une application baptisée Safer qui permet de donner l’alerte si l’on est témoin ou victime d’agression. À Nantes, l’association les Catherinettes élabore des dispositifs de prévention avec les équipes de plusieurs festivals, comme les Transmusicales de Rennes. Au Hellfest cette année, une brigade d’une soixantaine de bénévoles, les « Hellwatch », était aussi chargée de faire de la sensibilisation et du repérage sur le terrain.
Toulouse n’est pas en reste, puisque cinq festivals (Girls Don’t Cry, Rio Loco, Les Siestes Électroniques, Convivencia, Electro Altenativ) expérimentent un dispositif élaboré et coordonné par l’association La Petite. Après un test en 2021 lors de son festival féministe Girls Don’t Cry, la structure l’a déployé cette année à plus grande échelle, d’abord à Rio Loco puis aux Siestes Électroniques.
Maraude et ligne d’écoute
Samedi 16 juin, 21 h, c’est la deuxième soirée de Rio Loco. Le festival bat son plein sous une chaleur étouffante. Au stand de prévention « Main Forte » installé près de la grande scène, Baptiste Poiret, le salarié coordinateur, organise le passage de relais entre deux groupes d’une vingtaine de bénévoles chacun. Un nouveau binôme s’installe pour la deuxième partie de soirée derrière la table, où sont présentés divers prospectus de sensibilisation aux violences en milieu festif et un petit téléphone noir. C’est la « help-line », une ligne d’assistance ouverte pour la durée du festival et joignable en cas de problème. Le numéro est placardé au-dessus des bars et sur les portes des toilettes de tout le site.
Main forte prévention violences sexistes
Les victimes et témoins de violences peuvent trouver une écoute au stand de Main forte, tenu par deux bénévoles./ Crédit photo Antoine Bazin
Pendant ce temps, une quinzaine de bénévoles partent en maraude. Émile et Héléna, t-shirt blancs siglés d’un poing violet et du slogan « Tolérance zéro face aux discriminations », se faufilent dans les allées de la Prairie des Filtres et engagent la conversation avec un petit groupe. « Tout va bien pour vous ? Vous connaissez Main Forte ? Si vous êtes témoin ou victime de harcèlement, de comportements problématiques, vous pouvez nous interpeller, appeler la helpline ou venir nous parler au stand », leur conseillent-ils.
Une formation poussée pour les bénévoles
Ils sont 40 à avoir été formés grâce à des mises en situation, comme des jeux de rôles, aussi bien pour repérer et gérer les situations de violences sexistes et sexuelles que pour recueillir la parole des éventuelles victimes.
Grâce à l’expertise de...
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