
Nombre de compagnies et de spectacles, montant des subventions et du mécénat, salaires, protection sociale : l’Allemagne est un véritable Eldorado pour la danse et attire danseurs et danseuses du monde entier, notamment de France.
Outre-Rhin, tous les feux sont au vert. Nombre de compagnies et de spectacles, montant des subventions et du mécénat, salaires, protection sociale : l’Allemagne est un cas exceptionnel dans le monde. Au point qu’aujourd’hui, les troupes allemandes sont totalement cosmopolites. « Il y a environ 60 compagnies structurées en Allemagne », précise Jas Otrin, ancien danseur, désormais agent et actif dans de nombreuses associations d’artistes. « Cela tient bien sûr à l’histoire des opéras dans nos Länder, tenus par les régions et les villes mais les ballets ont aussi su s’émanciper de leur propre théâtre. Plusieurs d’entre eux sont désormais autonomes financièrement, dirigés par leur propre “intendant”(directeur, ndlr), qui programme et engage selon ses souhaits. »
Martin Chaix, chorégraphe français indépendant établi en Allemagne, confirme : « Il y a beaucoup de possibilités ici, et les intendants sont très libres. Le politique interfère peu, et les lignes artistiques sont mouvantes. Un directeur plus contemporain laissera place à un successeur plus classique et vice versa. Sans qu’il congédie pour autant les danseurs, qui sont très multicartes. Ici, on peut travailler un style néoclassique sur pointe, c’est formidable… et devenu inexistant en France. »
Par conséquent, l’Allemagne et ses grandes compagnies (Berlin, Hambourg, Stuttgart, Munich, Dresde mais aussi une floraison de plus petites) est un incontournable débouché pour les danseurs français qui ne trouvent pas de place dans les rares ballets français qui programment encore une technique classique. Loïck Pireaux, demi-soliste au Staatsballett Berlin, la plus grosse compagnie d’Allemagne avec 80 danseurs, est passé par l’Opéra de Paris, Rome et Zürich, d’où le chorégraphe allemand Christian Spück l’a emmené à Berlin. « Ici, il y a un grand répertoire, Spück conviant aussi d’autres chorégraphes que lui-même. J’ai signé un contrat pour trois saisons, les salaires sont confortables (4 900 euros bruts pour un demi-soliste), sans compter les primes par spectacle... Au point que les danseurs refusent parfois des promotions de soliste car ils y seraient moins bien payés ! »
La règle en Allemagne ? Des contrats d’un an, renouvelables pour 13 saisons. Au-delà, 5 saisons sont possibles, mais comme le CDI s’impose ensuite, cette prolongation est rare. « C’est donc assez stressant, reconnait Yannick Sempey, maître de ballet à Berlin mais cela reste très confortable. Les danseurs doivent s’interroger sur le fait de rester 13 ans ou de partir plus tôt afin de trouver mieux ailleurs. » Le Niçois Marc Ribaud, maître de ballet au...
Lire la suite sur lalettredumusicien.fr