Malgré la hausse des coûts de l’énergie et l’inflation, professionnels et élus de la culture rechignent à limiter la production de spectacles.
Le constat d’une surproduction de spectacles en France n’est pas récent. Selon le Syndicat national des scènes publiques, un spectacle en centre dramatique national ou en scène nationale était joué en moyenne entre 2 et 2,5 fois en 2016. Ces chiffres ne se sont probablement pas améliorés aujourd’hui, avec l’embouteillage de productions consécutif à la crise sanitaire.
Cependant, dans un contexte de hausse vertigineuse des coûts de l’énergie et d’inflation, ne faudrait-il pas baisser la production artistique et laisser les spectacles plus longtemps à l’affiche ? Une solution que le secteur n’est pas près de défendre. « Il ne faut jamais dire qu’il y a trop de spectacles, trop d’artistes », tranche Frédéric Hocquard, président de la Fédération nationale des collectivités pour la culture.
Des appels à projets artistiques tous les ans
Le système français encourage la fabrication de spectacles. « Si une structure conventionnée avec la direction régionale des affaires culturelles ne réalise pas de créations, elle verra ses subventions baisser. Même le système de l’intermittence pousse à la production », constate le président.
En effet, sur les 507 heures qu’un artiste doit effectuer pour bénéficier de ce régime, 437 doivent provenir d’une activité purement artistique. La formation, la dispense de cours d’éducation artistique et culturelle sont plafonnées à 70 heures.
Vincent Roche Lecca, directeur du théâtre de Bourg-en-Bresse (40 900 hab., Ain), scène nationale depuis le mois d’avril, pointe un autre problème. « Le logiciel du financement de l’activité artistique est basé sur les appels à projets. Cela pousse les artistes à sortir de nouveaux projets tous les ans. Pourtant, il serait plus vertueux d’inventer des leviers pour les suivre sur le long terme, d’autant qu’un spectacle a besoin de temps pour trouver son rythme de croisière. Il faut une réponse publique sur la façon d’accompagner plus longtemps la diffusion des œuvres », estime le directeur.
A Montreuil (111 000 hab.), où la ville finance à hauteur de 700 000 euros le centre dramatique national, on récuse toute idée de baisse de spectacles. « Je pense qu’il est dangereux d’envisager la culture uniquement sous l’aspect financier. C’est une dérive périlleuse que de profiter des crises pour dire qu’il y a trop de productions, trop d’artistes », affirme Alexie Lorca, adjointe au maire (PCF), déléguée à la culture et à l’éducation populaire.
L’élue n’a pas encore entamé la réflexion avec les équipes du théâtre sur la manière d’affronter la crise. « On commence à baisser le chauffage, mais va-t-on fermer pendant les vacances scolaires ? Certes, la programmation est suspendue durant cette période, mais le théâtre accueille tout de même des compagnies qui répètent », explique-t-elle.
Têtes d’affiche
A Toulouse (493 400 hab.), le directeur du théâtre de la Cité, Galin Stoev, est déjà confronté à la nécessité de baisser le nombre de spectacles pour la saison : ils doivent passer à 25, contre 37 à 42 habituellement. « Cela m’attriste beaucoup », avoue-t-il.
Et de développer : « Nous sommes dépendants de la billetterie. Si on laisse un spectacle plus longtemps, comment s’assurer de remplir correctement notre grande salle de 888 places ? Je pense que cela aura un impact sur notre choix. On devient plus frileux en matière de propositions artistiques. Le risque est de privilégier les têtes d’affiche, de se comporter comme un théâtre privé, alors que la culture subventionnée a d’autres missions. On pourrait se tourner vers...
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