Vincent Monadé, président du Centre national du Livre, établissement public dont la vocation est de soutenir l’ensemble de la chaîne du livre et de faire rayonner la création littéraire francophone, détaille pour Marianne le plan d’urgence et les aides allouées à cette filière, les enjeux numériques et livre au passage ses conseils de lecture.
Quel premier bilan économique peut-on dresser de la situation présente ?
Le Centre national du Livre n’a pas le temps de s’ennuyer ! Tous les instructeurs travaillent à distance pour conserver le rythme de commission, afin de pouvoir traiter l’ensemble des projets arrivés avant le confinement. Ils préparent ainsi la reprise, puisque même si ces projets sont décalés, ils se feront. Ensuite, en complément des annonces du gouvernement en matière économique qui sont très fortes, nous avons voté un plan d’urgence doté d’une première enveloppe de 5 millions prélevée sur notre fonds de réserve pour soutenir ceux qui ne pourraient pas bénéficier des dispositifs transversaux annoncés par l’État, notamment les auteurs.
Avez-vous développé une stratégie à long terme ou privilégiez-vous un ajustement progressif ?
C’est l’urgence qui prime, et elle concerne les auteurs, les maisons d’édition de moins de 500.000 euros, et les librairies francophones à l’étranger qui, elles, n’ont souvent rien de la part des pays dans lesquels elles sont installées. C’était pour nous une priorité : ces librairies font un travail capital de diffusion de la pensée et de la langue française, et elles avaient appelé à l’aide. Tous les maillons sont touchés puisque la chaîne du livre est une cascade : si l’entrée ou la sortie est condamnée, le problème se répercute. Nous avons reçu de nombreuses alertes de libraires, d’éditeurs, d’auteurs : leurs demandes seront réparties entre les dispositifs transversaux du gouvernement (ce qu’a annoncé Frank Riester : report des loyers, décharges sociales, chômage partiel…) et les dispositifs du CNL mis en place suite à ces annonces. Nos dispositifs habituels pourront servir dans la plupart des cas, notamment pour un certain nombre d’éditeurs qui rencontrent des difficultés économiques : il faut comprendre que notre plan d’urgence est vraiment destiné à être un tamis pour récupérer ceux qui n’arrivent pas à accéder aux autres aides disponibles.
Etes-vous confiant ou inquiet s'agissant d'une reconstruction économique culturelle efficace ?
Nous pensons que...
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