Le secrétaire général du SNAM-CGT (Syndicat national des artistes musiciens) revient pour Culturelink sur la situation des intermittents du spectacle, sur le sort du CNM et sur la crise que traverse le secteur musical.
Concernant les intermittents du spectacle, quels sont les principaux points restant en suspens ?
Ce qui reste à envisager, d’un point de vue technique, c’est la réouverture de droits mais aussi jusqu’à quand ils sont prolongés. Pour l’instant, avec le décret, il n’y a plus de fin de droits. Nous demandons une réouverture de droits pour tout le monde, pour une durée qui correspond à la fin de la crise + un an.
De quelle manière les intermittentes en congés maternité sont-elles impactées ?
Le problème qui se pose pour elles, c’est la question du premier ou dernier cachet. Ce qui risque de se passer, pour les femmes qui ont fini leur congé maternité au 15 mars, c’est que ce dernier cachet pour une ouverture de droits pourra ne pas exister. Cela fait partie des problèmes à régler et pour lesquels on demande l’ouverture d’une concertation.
Les employeurs relevant du GUSO peuvent-il recourir au chômage partiel ?
Certains, oui. Parmi les employeurs qui relèvent du GUSO, il y a les collectivités territoriales. En tant qu’employeurs publics, celles-ci sont exclues du dispositif d’activité partielle que ce soit pour le spectacle ou autre. Donc nous avons bien peu de chances d’obtenir gain de cause sur ce point. Sont exclus également les particuliers employeurs. Rien n’a été prévu pour eux. Mais la situation ne me semble pas aussi bloquée que s’agissant des collectivités territoriales. Pour les particuliers employeurs, il existe déjà des exceptions. Pour ceux qui sont éligibles, c’est-à-dire, les associations, les sociétés… c’est possible en théorie, et compliqué en pratique.
Quels conseils auriez-vous envie de donner aux intermittents actuellement ?
De se rassembler, de se mobiliser. De solliciter leurs employeurs en veillant à ne pas se fâcher avec eux parce que c’est toujours délicat. De demander à leurs employeurs à pouvoir bénéficier d’une activité partielle, ne serait-ce que pour ce que ça représente en terme de revenus. L’activité partielle, c’est avant tout une indemnité qui se substitue au salaire dans un volume à peu près comparable, donc ce n’est pas rien.
Des chiffrages ont-ils été établis concernant les dommages économiques de la crise sur le secteur musical ?
Le DEPS [ Département des études de la prospective et des statistiques, NDRL] du ministère de la Culture, le Centre national de la musique et plusieurs cabinets de prestataires sont en train de procéder à cela. Une réunion des membres du conseil d’administration du CNM a eu lieu à ce sujet. C’est en cours et c’est même attendu par le ministère pour présenter un plan de secours, de reprise et de relance. Ce sont les trois volets du plan.
Au CNM, la décision du conseil d’administration du 18 mars a été d’affecter au plan de secours le budget voté à l’automne par le parlement. 6 millions proviennent du budget 2020 et 4 millions des réserves du CNM. La taxe ne rentre pas, parce qu’il n’y a pas de spectacle donc, pour l’instant, il n’y a pas de budget au CNM ! Nous attendons que le ministère le dote de nouveau.
Comment, selon vous, surmonter au mieux cette crise ?
Pour que le secteur musical s’en sorte, trois choses sont importantes, et le CNM est l’une de ces trois choses. Premièrement, que les dispositifs de droit commun, auxquels émargent toutes les entreprises françaises de tous les secteurs, bénéficient au secteur musical. Le secteur musical ne doit pas bénéficier que de mesures qui lui sont propres.
Deuxième condition : les fonds dédiés aux politiques publiques en faveur de la musique, doivent être réabondés du fait de la crise. Et, troisièmement, le CNM doit être doté et jouer son rôle par une redynamisation des aides économiques au secteur.
Le secteur musical ne s’en sortira que si ces trois conditions sont réunies. La question du financement de l’emploi artistique va se poser, et partout, on défend l’idée d’aider sur la base de l’emploi artistique. Il faut envisager le projet d’indemniser les artistes au-delà de ce que leur verse l’assurance chômage. Comme la crise va durer, laisser les artistes de la musique avec, un revenu médian mensuel de 1400 euros pour vivre à compter de cet été, c’est une situation difficile pour tout le monde. On peut craindre une paupérisation des artistes sur une période assez durable.
Qu’espérez-vous pour les prochains mois ?
Sur le volet reprise, ce que j’espère, c’est la reprise des concerts cet été. Que la situation sanitaire permette d’organiser des concerts en plein air et que les conditions soient réunies pour qu’il y ait de la musique cet été. Que le CNM joue son rôle pour, peut-être, aider des projets et que les collectivités territoriales aient à coeur d’organiser des événements. Ce sur quoi je fais une croix, en revanche, c’est sur les grosses manifestations. Ce serait une illusion, compte tenu de ce qu’on entend aujourd’hui, d’imaginer que cet été des grands rassemblements se tiennent…
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