Regroupés au sein de l’association Scènes d’enfance-Assitej France, les acteurs du spectacle jeune public ont adressé lundi 4 mai une lettre ouverte au ministère de la Culture pour solliciter des aides spécifiques au secteur. En jeu, selon son coprésident ? Éviter “d’accroître la ‘malnutrition’ culturelle” des enfants.
Les spectacles vivants pour le jeune public parviendront-ils à se relever de la crise sanitaire ? Dans une lettre ouverte adressée ce lundi 4 mai au ministre de la Culture, les acteurs du secteur regroupés au sein de l’association Scènes d’enfance-Assitej France alerte sur les mesures à prendre pour soutenir des lieux, des compagnies et des artistes qui ont vu les représentations de leurs spectacles annulées mais aussi toutes les actions destinées au public scolaire.
Directeur du Théâtre Le Grand Bleu, scène conventionnée d’intérêt national-Arts, enfance et jeunesse, à Lille, et coprésident de l’association Scènes d’enfance-Assitej France, Grégory Vandaële explique pourquoi il est urgent de se mobiliser pour que les enfants ne soient pas privés durablement de l’enrichissante confrontation avec l’art et la création.
Dans le contexte de crise sanitaire, la création culturelle en direction de l’enfance et de la jeunesse est-elle en passe d’être sacrifiée ?
Grégory Vandaële : Elle est menacée. L’impact de cette crise historique et inédite sur la création jeune public est terrible et risque d’accroître la « malnutrition » culturelle de l’enfance et de la jeunesse. Ce qui est important, c’est la rencontre du jeune public avec les œuvres d’art. Or la distanciation physique interdit cette rencontre. Nous ignorons quels seront les choix faits dans ce domaine, à la rentrée, par l’Éducation nationale dont nous sommes totalement complémentaires. Cela nous inquiète beaucoup.
Quel est l’impact du confinement sur la vie des équipes artistiques qui travaillent en direction du jeune public ?
Il est monumental à plusieurs titres. La diffusion de leurs spectacles (qui leur permet en partie de s’autofinancer) est un enjeu majeur. De mi-mars à juin, pour certaines compagnies, ce sont entre 50 et 130 représentations qui n’ont pu avoir lieu ou n’auront pas lieu. Les négociations avec les maisons qui devaient les accueillir sont complexes. C’est le cas, par exemple, des structures municipales : l’absence des élections du second tour a rendu le dialogue avec les élus très délicat.
En outre, l’annulation du festival Off d’Avignon(lieu de visibilité essentiel pour la profession) pèse lourdement sur l’avenir. Un spectacle qui marche bien au Off s’assure deux à trois ans de tournée. Enfin, les résidences de création, qui se déroulent habituellement au printemps, étant impossibles, l’ensemble des représentations qui devraient naître à l’automne sont mises en péril. Cet été, si les conditions le permettent, nous aimerions pouvoir ouvrir nos lieux pour y mettre...
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