Paul Rondin est directeur délégué du Festival d’Avignon. Alors que les incertitudes subsistent sur les festival d'été, interrogé dans la dernière Lettre du Spectacle, il se montre confiant quant à la tenue de l'édition 2020.
Étudiez-vous un report, voire une annulation?
Ni l’un ni l’autre. Nous sommes tous à 100% au travail, nous préparons le Festival d’Avignon pour l’ouvrir le 3 juillet. Je suis en contact avec toutes les équipes artistiques pour voir où elles en sont, quelles sont leurs craintes, comment on peut anticiper leurs besoins, quelles salles on peut trouver pour terminer les créations. Plus tard, on se posera la question de la circulation des équipes. À ce jour, une seule équipe a annulé, des Sud-Africains qui devaient répéter en Allemagne. Là, ce n’était plus possible.
Êtes-vous confiant ?
J’y crois totalement. Il y a une énergie qu’il ne faut pas laisser retomber. Il faut qu’on ait une capacité d’adaptation absolue, car si on n’y arrive pas, nous serons au-dessous de nos devoirs pour les spectateurs et les artistes. Ce rendez-vous collectif est vital, de la même manière qu’en 1947, quand il a fallu reconstruire, repenser un projet de société. Je ne compare pas les deux événements, mais la logique intellectuelle : on va tous se retrouver à devoir proposer autre chose que ce qu’on avait prévu de faire. À chercher comment on sort de nos habitudes pour continuer à croire dans la puissance de la culture dans nos sociétés. Il faudra une réflexion globale, à la fois pour le programme mais aussi dans les débats, les rencontres avec le public et les professionnels. Il faut qu’on pense et qu’on travaille autrement et qu’on réponde à cette injonction collectivement. «L’édition 2020, j’y crois totalement »
Les décors, l’aménagement des lieux, seront-ils prêts à temps ?
On préférera faire la cour d’honneur avec un décor moindre qu’annuler le spectacle. C’est un accord profond que les organisateurs, les artistes et spectateurs accepteront. Nous savons que nous ne présenterons pas tout ce que nous pensions. Cet accord est obligatoire dans la sortie de crise. Peut-être que ce sera un peu plus tendu, mais ça se fera. Après le 4 mai, si le travail ne peut pas reprendre, j’aurais une difficulté pour ouvrir la cour d’honneur le 4 juillet. Normalement, ce chantier démarre à la mi-avril. On verra alors s’il faut ouvrir la cour d’honneur un peu plus tard. Pour les répétitions, on trouvera d’autres théâtres pour accueillir les équipes.
Propos recueillis par Yves Perennou