Jean-Raymond Hugonet, sénateur (LR) de l'Essonne et président du groupe de travail sénatorial sur le pass Culture, dénonce une généralisation hâtive de la promesse culturelle phare de l'ex-candidat Macron.
Dans un communiqué du 19 janvier, le groupe de travail du Sénat sur le pass Culture « s’étonne » de la généralisation en 2021 du dispositif annoncée début janvier par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, « alors qu’aucune évaluation d’ampleur n’a jamais été publiée » par le gouvernement. Son président, le sénateur (LR) de l’Essonne Jean-Raymond Hugonet, s’en explique à « La Gazette ».
Vous dénoncez la généralisation du pass Culture annoncée par la ministre Roselyne Bachelot pour 2021 sans qu’une évaluation du dispositif n’ait été rendue publique. Or, le gouvernement fait état d’une « adhésion grandissante des jeunes au fur et à mesure de son déploiement »…
L’évaluation par le gouvernement est discutable et nébuleuse. Le groupe de travail du Sénat dédié à ce dispositif ne parvient d’ailleurs à glaner des informations des pouvoirs publics qu’au compte-gouttes. Or, nous avons nous-mêmes suivi l’expérimentation dans les territoires de test et constaté que les résultats y sont inégaux.
Donc, entre ce qu’on nous dit et ce qu’on observe, il y a une marge. En réalité, la ficelle est grosse : le dispositif doit absolument sortir avant 2022 pour que le président de la République, dont c’était une promesse de candidat, puisse l’afficher à son tableau de chasse dans la campagne de la prochaine présidentielle. Alors que le monde de la culture est aux arrêts de rigueur, on voit ici une oasis aux visées électorales arrosée abondamment de 59 millions d’euros [le budget alloué au dispositif pour 2021, ndlr]. C’est insupportable. On demande au gouvernement de la décence !
Votre propos est-il de dire qu’au regard de la crise, ce n’est pas le moment d’injecter de l’argent public dans un pass Culture, ou bien contestez-vous le dispositif même ?
Ce dispositif, c’est de la communication. Et si vous vous y opposez, on vous fait passer pour un retardataire. D’où mon agacement. Si on veut favoriser l’accès des jeunes à la culture, qui est le but affiché par ce pass, ce n’est pas à 18 ans, mais dès le plus jeune âge de l’enfant. L’exécutif ferait donc mieux de mettre l’accent sur l’éducation artistique et culturelle (EAC), plutôt que de se focaliser sur des projets pseudo-modernes. Et ce, d’autant que les territoires n’ont pas attendu l’Etatpour lancer ce type d’initiative, que l’on observe depuis des années, sous des formes différentes, dans des communes, des départements et des régions.
Laissons donc l’initiative au local, plutôt que de créer encore une couche. Mon propos peut également s’appliquer au sport, puisque Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un pass dédié à ce secteur : là encore, l’éducation doit primer.
L’éducation artistique et culturelle (EAC) est aussi une priorité affichée par Emmanuel Macron…
Mais alors, qu’il le montre, plutôt que d’ouvrir un deuxième chantier. Or, les projets d’EAC peinent à se mettre en place. On en voit certains qui ne sont pas financés, d’autres qui rencontrent des difficultés avec des directions régionales des Affaires culturelles (Drac)… Quant aux ministères de la Culture...
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