Christophe Bennet a été élu le 12 novembre 2020 président de la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (Fnadac). Pour la Gazette, il fait le point sur les priorités et les ambitions de cette fédération, alors que la culture est toujours à l'arrêt pour cause de crise sanitaire.
Directeur des affaires culturelles de Cergy (Val d’Oise), Christophe Bennet a pris en main, il y a trois mois, le pilotage de la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (Fnadac), qui regroupe onze associations professionnelles.
Dans les collectivités, les services « culture » font face à la prolongation de l’arrêt de toutes les activités (hormis les bibliothèques) en raison de la crise sanitaire. Cela n’empêche pas les directeurs des affaires culturelles – les « DAC » – d’élaborer une stratégie et d’avoir des ambitions que leur nouveau président détaille pour La Gazette.
En pleine crise sanitaire, quels sont les enjeux du moment pour les DAC ?
Dans le contexte actuel, ils sont de taille ! Il s’agit de faire en sorte que la culture traverse au mieux la crise sans précédent que nous connaissons. Il nous faut aussi préparer la restructuration du paysage culturel et la relance de la vie sociale.
Au-delà de la situation sanitaire, nous voulons positionner notre action à la croisée des politiques publiques. Nous portons le message que la culture est un élément transversal d’un projet de société où de nouvelles gouvernances participatives sont à l’œuvre.
Comment comptez-vous porter ce message ?
La Fnadac doit gagner en visibilité et être présente là où les choses se discutent. Pour cela, nous allons intensifier notre dialogue avec tous nos partenaires naturels (Drac, institutions sectorielles…), ainsi qu’avec les associations d’élus et l’Etat. L’objectif est de partager avec eux l’expertise de terrain agrégée par nos associations adhérentes. Ainsi nous pouvons attirer l’attention de nos partenaires sur nos constats, nos inquiétudes, nos pistes de résilience.
Qu’attendez-vous des relations de la Fnadac avec les associations d’élus ?
A partir du moment où nous dialoguons avec les associations d’élus, que nous constatons que nous portons les mêmes dossiers, les mêmes valeurs, nous pouvons délivrer ensemble un même message notamment dans le cadre de nos échanges respectifs avec l’Etat .
Comment envisagez-vous la préparation de la relance de la culture ?
Tout ce que nous allons désormais produire comme expertise devra l’être à l’aune de la période « covid » et de l’après-« covid ». Cela va se faire dans la perspective de nos prochaines Assises nationales, dont nous n’avons pas encore arrêté la date. Comme je l’ai dit à l’instant, nous devons aussi consolider notre rôle d’interface entre les instances régaliennes et les territoires.
De plus, les DAC vont devoir faire entendre que la culture est un des leviers d’aide à la relance. L’exercice est difficile, même pour ceux d’entre nous qui sont expérimentés, même pour ceux qui travaillent avec des élus militants de la culture.
Il est urgent de montrer que les DAC ont un périmètre d’action qui va bien au-delà du seul domaine dans lequel les représentations traditionnelles du métier les cantonnent. Certes, on ne sort pas de la logique des politiques en silo sans une période de transition, mais la crise sanitaire nous oblige à accélérer les choses.
Craignez-vous que les budgets culturels soient victimes d’un effet « covid » ?
La pression budgétaire s’annonce très forte. Dans les communes, les élus entament leur mandat dans des conditions inédites, où ils doivent tenir compte de l’impact financier de l’épidémie. De surcroît, si la contractualisation de Cahors est à nouveau gelée en 2021, qu’en sera-t-il en 2022 ? Quant à la suppression de la taxe d’habitation, elle risque fort de conduire à une nouvelle réduction des marges de manœuvre des collectivités.
Faute de visibilité sur les prochains mois, il faut prévoir plusieurs scenarii, dont celui de ne pas réaliser tel ou tel projet, parce qu’il faudra donner la priorité à des urgences sociales et économiques. Le dilemme est terrible.
A l’heure où les collectivités sont en train de construire leurs budgets, il est crucial de sensibiliser les élus aux conséquences désastreuses qu’aurait l’utilisation de la culture comme variable d’ajustement : cela serait terrible pour les politiques publiques, pour de nombreux secteurs professionnels et pour le bien-être des habitants. C’est un combat que nous allons devoir mener.
N’est-ce pas compliqué de parler au nom de onze associations représentant des professionnels de différents échelons territoriaux et de diverses régions ?
Pour parvenir à parler d’une seule voix, nous renforçons les synergies entre les associations adhérentes, par une mise en partage de nos réflexions et de nos pratiques. Pour faire vivre ces relations entre les associations, nous avons désormais un délégué général salarié.
Il s’agit également de...
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