Le président de l’Institut du monde arabe à Paris et ancien ministre de la culture plaide pour un « new deal » dans la culture.
Jack Lang, ministre de la culture emblématique de François Mitterrand à partir de 1981, aujourd’hui président de l’Institut du monde arabe, à Paris, appelle à un sursaut culturel pour un secteur fortement touché par la crise sanitaire.
Pensez-vous, pendant cette crise du Covid-19, que la culture fasse partie des produits de première nécessité ?
La culture a beaucoup à perdre dans une telle compétition. Survivre, se nourrir sont des exigences absolues. La culture peut paraître moins vitale quand autant de gens souffrent et meurent. Et pourtant, les artistes et les créateurs ont témoigné, au cours de cette période, d’une inventivité étonnante et ont montré que la culture est une nécessité de l’âme, une source de bonheur, de générosité.
Les librairies n’ont pas voulu rester ouvertes alors que le gouvernement l’avait envisagé. Est-ce une occasion ratée ?
C’était une erreur. On a pourtant trouvé des solutions pour que les gens puissent acheter à manger dans une supérette… Les libraires sont de fabuleux trésors de vie. Parfois, ils sont divisés entre eux. Quand nous avons instauré le prix unique du livre, en 1981, pour les défendre face aux grosses surfaces, il s’en est trouvé une partie qui était contre… Aujourd’hui, la principale menace pour les librairies est Amazon. Je trouve choquant que les librairies soient fermées tandis que l’on ne se résout pas à imposer des boucliers et des taxes élevées pour que ce géant américain répare les dommages qu’il fait subir à la France culturelle.
Pourquoi les milieux culturels sont-ils agacés, voire plus, contre l’Etat ?
Les millions de personnes qui animent les lieux et les festivals, dans les villes comme les villages, dans le privé comme le public, trouvent la réponse publique floue. Ce qui ajoute de l’angoisse à l’angoisse, tant la mise à l’arrêt peut devenir une mise à mort. Après les mesures qui valent pour l’ensemble du pays, comme le chômage partiel, ils attendent des mesures spécifiques, un calendrier clair, secteur par secteur. D’abord rapides pour éviter les naufrages, et d’autres à long terme pour repartir sur de nouvelles bases. Le président leur apportera mercredi des réponses, qui je le crois, seront fortes et claires.
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