Autrice et metteuse en scène, elle souhaiterait ouvrir un espace de création commun avec des artistes d’autres disciplines.
Quel serait pour vous le projet rêvé de la compagnie Hippolyte a mal au cœur ?
Il m’est difficile de me projeter car je suis immergée dans ma prochaine création, Nous dans le désordre, prévue pour novembre prochain. Mais j’ai l’impression que plus j’avance, plus je tends vers le collectif. Auparavant, je travaillais vraiment seule à l’écriture. Déjà, sur ce projet, je vois que j’implique beaucoup plus l’équipe au plateau. Peut-être que dans un « projet rêvé », j’irais un peu plus loin encore.
Comment procéderiez-vous ?
Je pourrais faire appel à des personnes qui nourriraient le projet avec moi. Pas seulement des acteurs. Pourquoi pas des musiciens, des magiciens à qui je dirais alors : « Voilà le sujet que je souhaite aborder dans la pièce. Et vous, à votre endroit d’artiste, qu’est-ce que cela vous inspire ? Comment traduiriez-vous ce sujet dans l’art qui est le vôtre. » Je suis certaine que cela nous permettrait de repousser les frontières. En réalité, je crois que j’imagine cela comme un atelier géant.
En quoi cela changerait-il profondément la création en elle-même ?
Prenons l’exemple d’Emmanuelle Destremau, qui collabore sur Nous, dans le désordre. Je lui ai donc passé commande d’une composition musicale sur une pièce qui est la mienne, avec mes textes, mes intentions. Je suis certaine qu’elle créerait tout autre chose si je lui donnais juste le sujet de cette pièce et toute latitude pour en aborder par elle-même, dans toute sa liberté de créatrice, le thème et le contexte. C’est cela qui pourrait être vraiment intéressant car ce qu’elle créerait alors déplacerait sans doute ma propre manière d’aborder le sujet et donc d’écrire.
Et sur Nous, dans le désordre, comment travaillez-vous avec les comédiens justement, pour leur donner plus de place dans ce processus de création ?
Sur ce projet, je travaille beaucoup plus avec les acteurs que par le passé. Nous partons au plateau sur des temps d’improvisation, des exercices que je guide. Je leur donne une situation, et j’aime voir ce que cela produit chez eux, au plateau. Lorsque nous parvenons à quelque chose d’intéressant, qui nous emmène parfois à des endroits que je n’avais pas imaginés, je l’enregistre et je le retranscris en lui donnant toute la dramaturgie souhaitée, mais je conserve les mots. La langue, c’est celle de ces acteurs. Ce sont leurs mots.
Propos recueillis par Cyrille Planson
Interview publiée dans La Scène Artistes Juin 2019
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