Faut-il un New Deal de la culture, pour faire face à la crise économique engendrée par la pandémie de coronavirus ? Nous avons posé la question à Margaret Rung, professeure d’histoire à l’université Rooselvelt à Chicago.
Alors que le secteur artistique fait face à une crise sans précédent, suite à la pandémie de coronavirus, faut-il un New Deal de la culture, comme l’ont proposé plusieurs personnalités, parmi lesquelles les anciens ministres Jack Lang et Christiane Taubira ? Avant de répondre à cette question, il est intéressant de se pencher sur les politiques de la culture mises en place par Franklin Delano Roosevelt dans les années 1930, suite au krach de 1929 et à la Grande dépression qui a suivi.
Nous avons posé quelques questions à Margaret Rung, professeure d’histoire à l’université Rooselvelt à Chicago et directrice du centre d’études sur le New Deal.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui a été fait pour les artistes, dans le contexte du New Deal ?
Le New Deal a soutenu la création artistique à travers divers programmes, le plus connu étant Federal One, créé en 1935. Il y a eu quatre déclinaisons : pour les arts, les écrivains et écrivaines, le théâtre et enfin pour la musique. Pour participer, les individus devaient prouver qu’ils vivaient de leur art et qu’ils étaient sans emploi ou dans le besoin.
Le tout premier programme fédéral a émergé dans les 100 premiers jours de l’ère Roosevelt, dans le contexte de la relance industrielle opérée par le New Deal et fut conduit par la Civil Works Administration. Il s’appelait Public Works of Art Project (PWAP) [qu’on pourrait traduire par « projet de travaux publics artistique »] et sélectionnait les artistes dans le besoin, compétents pour décorer des jardins publics et des bâtiments. Les travaux les plus connus sont les fresques peintes sur la Coit Tower à San Francisco.
Cette politique n’a duré que six mois et a été suivie d’une autre. Elle a connu différents noms : « The Section of Painting and Sculpture, » « The Section of Fine Arts, » ou « The Section ». On lui doit les sculptures et fresques qu’on voit dans de nombreux bureaux de poste. Contrairement aux deux autres, cette politique visait plutôt l’excellence. Les travaux étaient rémunérés après un concours au niveau régional et fédéral.
Puis la PWPA a créé un programme pour financer l’achat d’œuvres pour les bâtiments fédéraux existants ou en construction qui n’avaient pas de budget artistique (Treasury Relief Art Project ou TRAP). Au départ ce programme stipulait que 90 % des artistes employés devaient être sans emploi ou dans le besoin, puis ce plafond tomba à 75 % plus tard. Puis enfin il y a eu le...
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