Médecin urgentiste, Vincent Estornel organise, fin mars-début avril, deux grands shows avec IAM et d'autres figures de la scène phocéenne au Dôme. Pour Le Figaro, il dévoile les coulisses de ces études scientifiques qui, espère-t-il, pourront aboutir à un protocole pour rouvrir au plus vite les salles de spectacle.
Le FIGARO. - Vos concerts devaient avoir lieu en février avant d'être repoussées fin mars-début avril. Que s'est-il passé ?
Vincent ESTORNEL : Nous avons dû décaler car l'épidémie augmente de façon exponentielle à Marseille. Ces concerts tests ne peuvent pas se faire en pleine tempête, cela fausserait les résultats. Nous les avons donc décalés à fin mars début avril.
Ces concerts sont gratuits pourtant des billets sont en vente sur la Canebière ?
Oui (soupirs). C'est une escroquerie. Il n'y a aucune billetterie officielle. Tout le monde rêve de voir IAM sur scène ici à Marseille alors, forcément, cela a donné des idées à certains.
Qui pourra assister à ces concerts ?
Les volontaires doivent être âgés entre 20 et 40 ans, sans comorbidités avérées ou pathologies qui puissent développer une forme grave du virus. L'INSERM va constituer un fichier de 2000 personnes. Il sera divisé en deux groupes de 1000 personnes. Chaque groupe assistera masqué à un concert. Les spectateurs ne seront pas testés avant les concerts. Mais tous devront se faire tester sept jours après. Ce système d'études croisées nous permettra d'obtenir beaucoup d'informations.
Comment vont se dérouler ces concerts ?
Les deux concerts se feront à une semaine d'intervalle. Pour éviter les rassemblements de fans à l'extérieur du Dôme, l'heure de l'ouverture des portes sera dévoilée au dernier moment. Pour la même raison, le concert-test aura lieu en journée. À l’intérieur du Dôme, le public sera divisé en deux blocs. Un groupe sera assis sans distanciation sociale. L'autre sera assis avec un fauteuil vide entre chacun. Nous pourrons ainsi faire une étude dans l'étude. Pour éviter que les gens ne se croisent, il n'y aura pas de places attribuées. Juste un bloc et un rang, ce qui sera à terme ce qui se passera dans les vrais concerts. Le premier arrivé devra aller s'asseoir en bout de rangée et les autres prendront place au fil de l'eau. Ils seront tous assis mais pourront se lever pour danser et chanter. Par contre, il n'y aura ni entracte, ni buvette. On pourra seulement se déplacer pour aller aux toilettes.
Quand avez-vous eu l'idée de cette expérience scientifique ?
Il y a dix mois. Je suis médecin urgentiste et je travaille souvent dans les grands événements festifs et culturels marseillais. J'ai voulu les aider pour qu'ils puissent un jour rouvrir. Pour prouver qu'il n'y a pas de surrisque de contamination dans un concert, il faut faire des tests scientifiques. Nous avons commencé à travailler avec un professeur d'Université, mais il était trop occupé et nous nous sommes tournés vers l'Inserm, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Où en êtes-vous en ce vendredi 5 février 2021 ?
Nous sommes quasi prêts. L'écriture du protocole sanitaire se finalise. Les demandes d'autorisations sont également en cours.
Les têtes d'affiche seront des artistes marseillais. IAM, Soprano, Jul, Alonzo, SCH, Naps ?
IAM sera là avec un plateau de quatre cinq artistes de la scène marseillaise tous connus nationalement. Je ne peux pas encore dévoiler leurs noms. Comme ils ne sont pas montés sur scène depuis un an maintenant, ils sont tous très impatients et répètent déjà.
À l’inverse d'Anne Hidalgo (PS) à Paris et d'Alain Rousset (PS) président de la région Nouvelle Aquitaine qui se livrent à une guerre totale de communication sur leurs concerts tests respectifs, le maire de Marseille Benoît Payan paraît moins impliqué ?
Nous avons travaillé longtemps sans prévenir la mairie de Marseille. Car vous voulions leur présenter un dossier bien ficelé. Malheureusement, il y a eu des fuites à partir du moment où nous avons commencé à faire le tour des artistes susceptibles de monter sur scène. Les médias locaux s'en sont emparés et la mairie l'a appris indirectement en lisant la presse. Cela a évidemment suscité des crispations. Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre et nous avons régulièrement des réunions avec les équipes de Benoît Payan. Ils savent que ce concert test sera une grande chance pour Marseille, notamment en termes de communication.
Cela peut paraître absurde d'avoir des concerts tests à Paris et à Marseille. Les scientifiques de l'Inserm collaborent avec leurs homologues de l'AP-HP ?
Tout à fait. Les scientifiques se...
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