Mathieu Maisonneuve, directeur de L’Usine, à Toulouse, évoque les nouvelles esthétiques des arts de la rue et les problèmes que le confinement pose aux compagnies habituées à se produire dans l’espace public.
Avec près de 70 festivals, 950 compagnies répertoriées, et tandis que plane la menace d’annulation sur les manifestations de premier plan, comme Chalon dans la rue (à la fin de juillet, en Saône-et-Loire), les arts de la rue forment un secteur particulièrement vulnérable dans le contexte actuel.
Entretien avec Mathieu Maisonneuve, directeur de L’Usine, Centre national des arts de la rue et de l’espace public (Cnarep), à Toulouse, et président de l’Association des Cnarep, créée en 2019, qui regroupe les quatorze centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public disséminés en France.
Comment les artistes de la rue affrontent-ils le confinement ?
Ce qu’on appelle aujourd’hui « les artistes de la rue » regroupe des gens très différents : des danseurs, des chorégraphes, des circassiens, des comédiens, des marionnettistes… Il n’y a donc pas de modèle unique, et donc pas de situation unique. Cette variété entraîne une dynamique plurielle avec des champs d’intervention très larges. Nous ne parlons plus seulement d’arts de la rue mais dans l’espace public, autrement dit dans les piscines, les hôpitaux, les appartements…
On dénombre actuellement près de 950 compagnies de tous les gabarits. Ce sont évidemment les plus petites qui sont les plus fragiles. Chacun s’entraîne et travaille selon sa particularité, avec plus ou moins de difficultés, dans un contexte où personne n’a plus accès à la rue et à l’espace public.
Que représentent les festivals de l’été dans l’économie générale des arts de la rue ?
Il faut d’abord rappeler le fait que les festivals sont presque gratuits et que la billetterie n’existe pratiquement pas dans les arts de la rue. L’impact économique n’est pas le même que pour le cirque ou la danse, par exemple. Les manifestations estivales sont très importantes, mais elles sont aujourd’hui relayées par les saisons de plus en plus intenses mises en place dans le réseau des centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public, notamment.
Tout au long de l’année, des résidences de création, au nombre d’une vingtaine en moyenne, ainsi qu’une trentaine de spectacles sont proposés par chaque centre jusque dans les zones rurales les plus désertes. C’est un pan économique important et complémentaire de celui des festivals qui va peser dans le contexte Covid-19.
Il y a aussi des lieux, comme...
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