Stéphane Frimat est directeur du Vivat, scène conventionnée Art et Création à Armentières (59).
Parcours, visions, souvenirs... Jusqu'à fin avril, Culturelink vous invite à découvrir 50 professionnels en vue dans le monde du spectacle.
Depuis quand êtes-vous pro ?
J’ai démarré ma carrière professionnelle le 15 octobre 1990 en tant qu’hôte d’accueil/objecteur de conscience de La rose des vents, scène nationale de Villeneuve d’Ascq (59).
Après quelles études ?
Courtes études de sociologie à l’Université de Lille.
Votre premier poste ?
Hôte d’accueil.
Trois artistes que vous adorez ?
L’adoration est un sentiment qui n’aide pas les artistes à développer leur travail. Je suis pour une relation de personne à personne et l’adoration a tendance à « déifier » l’être visé. Ceci dit, il y a plusieurs artistes qui m’ont profondément marqué ces 30 dernières années. En choisir trois c’est en oublier beaucoup mais si on se plie à l’exercice, je dirai Jean-Michel Rabeux, Alain Platel et Sophie Perez.
Un spectacle qui vous a profondément marqué ?
Mère et Enfants (Moeder en kid), d’Alain Platel.
Trois professionnels qui ont marqué votre parcours ?
Didier Thibaut, ex-directeur de La rose des vents qui m’a fait intégrer ce milieu, Reine Prat, ex-haute fonctionnaire du Ministère de la culture et de la communication et rédactrice du premier rapport sur les inégalités dans la culture, José Sagit, directeur du festival Art et Déchirure.
Si vous n’aviez qu’un seul lieu de spectacle à conseiller ?
Le CDN de Rouen - Normandie.
Si vous n’aviez qu’un seul festival à conseiller ?
Le festival Art et Déchirure de Rouen [festival d'expressions artistiques issues entre autres du monde de la santé mentale, de la marge, NDLR].
Que détestez-vous par-dessus tout chez les professionnels ?
L'entre-soi.
Votre meilleur souvenir de professionnel ?
La chorégraphie que m’ont offerte l’ensemble de l’équipe de l’Oiseau-Mouche le jour de mon départ. C’était sur la musique de La Chambre d’Isabella, de Jan Lauwers, qui pourrait figurer comme réponse plus haut.
Votre pire souvenir de professionnel ?
M’être rendu compte un jour que tout mon travail de relations avec les publics avait servi à défendre l’expression artistique d’une toute petite partie de la population française en occultant tous les invisibles des plateaux.
Trois adjectifs pour qualifier la filière culturelle aujourd’hui ?
Professionnelle, pratiquant le plafond de verre.
Qu’avez-vous réussi de mieux dans votre vie ?
Ma vie n’est pas finie. Je vous enverrai un message de l’au-delà pour répondre à cette question quand il sera temps.
Vos passions (hors art et culture) ?
Rugby, jardinage, jouer à des jeux de société avec mes enfants, me promener en Bretagne.
L’autre métier que vous auriez aimé exercer ?
Formateur ?
Un conseil à ceux qui débutent dans la filière ?
Tracez votre route sans vous laisser impressionner par les personnes en place. Revendiquez votre place et n’oubliez pas une fois que vous serez au pouvoir qu’une programmation éthique doit prendre en compte toutes les composantes de notre population.
Propos recueillis par Agnès Lucas