Elisabeth Bouchaud est directrice des Scènes Blanches, composées des théâtres La Reine Blanche, Les Déchargeurs et Avignon-Reine Blanche, et de l’école de formation de l’acteur La Salle Blanche.
Parcours, visions, souvenirs... Jusqu'à fin avril, Culturelink vous invite à découvrir 50 professionnels en vue dans le monde du spectacle.
Depuis quand êtes-vous pro ?
J’ai eu deux vies ! J’ai été une pro de la recherche en physique disons au début de ma thèse, en 1985, et une pro du théâtre disons à partir de mon premier festival d’Avignon, en 1994.
Après quelles études ?
Ecole Centrale de Paris, Thèse de Doctorat en physique, Habilitation à Diriger les Recherches, Premier Prix d’Art Dramatique du Conservatoire de Bourg-la-Reine/Sceaux (92).
Votre premier poste ?
Ingénieur de recherche à l’Office Nationale d’Etudes et de Recherches Aéronautiques en 1988. Directrice de La Reine Blanche en 2014.
Trois artistes que vous adorez ?
J’en adore beaucoup plus que trois. Parmi eux Simon McBurney, Joël Pommerat et Xavier Gallais.
Un spectacle qui vous a profondément marquée ?
La Cerisaie, d'Anton Tchekhov, mise en scène par Giorgio Strehler, que j’ai vue au Théâtre de l’Odéon en 1976.
Trois professionnels qui ont marqué votre parcours ?
Evidemment les trois que j’ai cités plus haut ! Mais aussi des artistes moins connus, qui ont profondément modifié ma compréhension du théâtre : mes professeurs, Cécile Grandin et Jean-Pierre Martino, et la comédienne Bernadette Le Saché, qui m’a mise en scène dans Le paradoxe des jumeaux, où j’interprète Marie Curie.
Si vous n’aviez qu’un seul lieu de spectacle à conseiller ?
Les Bouffes du Nord, à Paris.
Si vous n’aviez qu’un seul festival à conseiller ?
Le Festival d’Avignon. Off, of course !
Que détestez-vous par-dessus tout chez les professionnels ?
L’arrogance.
Votre meilleur souvenir de professionnel ?
L’écriture de la pièce Majorana 370, qui se jouera à La Reine Blanche à partir de janvier 2020, avec Florient Azoulay.
Votre pire souvenir de professionnel ?
J’étais reçue par la responsable d’un organisme public voué à diffuser les oeuvres de théâtre. Après que j’ai tout juste commencé à me présenter, elle m’a poliment reconduite à la porte parce que je venais du théâtre privé. Cette ségrégation artificielle entre théâtre public et théâtre privé est mortifère !
Trois adjectifs pour qualifier la filière culturelle aujourd’hui ?
Morcelée, archaïque, passionnante !
Qu’avez-vous réussi de mieux dans votre vie ?
Mes enfants.
Vos passions (hors art et culture) ?
J’ai envie de répondre « la science » ou « les livres » mais ça fait partie de la culture ! Je crois qu’il n’y a que ça qui m’intéresse vraiment…
L’autre métier que vous auriez aimé exercer ?
Physicienne, j’ai déjà fait. Alors disons libraire.
Un conseil à ceux qui débutent dans la filière ?
Ne vous laissez pas décourager par ceux qui vous diront qu’il n’y a pas de place pour vous.
Propos recueillis par Agnès Lucas