Conduire une nouvelle révolution culturelle, redonner du sens au vivre-ensemble, renouer avec le droit à la fête ou encore consacrer 1 % du PIB à la culture et à la création sont les axes principaux du projet de société défendu par sept élus, soutiens de l’union de la gauche aux législatives.
Menaces de mort contre des artistes, manifestations contre les chanteurs LGBT +, agressions physiques contre des comédiennes racisées, tentatives d’interruptions de représentations de théâtre ou d’expositions par des catholiques intégristes… Depuis plusieurs années, l’extrême droite se mobilise avec violence contre la culture, contre les artistes. Son accession au pouvoir mettrait en danger immédiat la liberté d’expression, et donc la liberté de création, s’inscrivant à rebours des principes fondamentaux de notre République.
Aujourd’hui, dans une société morcelée, quasiment écartelée, nous voulons réaffirmer avec force que nous soutenons toutes les cultures et toutes celles et ceux qui, à travers l’art et la création, la pratique artistique amateur comme professionnelle, créent du lien et du sens entre les individus. Notre pays est fort d’une culture métissée et diverse. C’est ce qui fait son rayonnement, son exception. Et c’est ce que l’extrême droite, à travers ses discours identitaires, rabougris et passéistes, a toujours combattu. Ainsi, dans le programme de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, le principal – et quasiment unique – sujet abordé est celui du patrimoine, faisant de celui-ci un outil de «redressement moral de la France».
Quelle régression !
Célébration de la vie
Le 20 juin, nous célébrions l’anniversaire de la mort de Jean Zay, ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts sous le Front populaire, assassiné par la milice en 1944. Quatre-vingts ans plus tard, le Nouveau Front populaire se présente aux élections législatives avec la volonté de renouveler son héritage. Jean Zay avait compris la puissance émancipatrice de la culture et de l’éducation. Il a œuvré, avec d’autres, comme Paul Vaillant-Couturier, pour rendre la culture accessible et la mettre au service de l’éducation populaire. Ardent défenseur de la démocratisation culturelle, il a encouragé les arts vivants, le théâtre et la musique, mais aussi le cinéma qu’il considérait comme un art à part entière.
Le Front populaire de 1936 marque un tournant décisif dans la politique culturelle française. Il libère la culture de sa seule dimension patrimoniale pour l’envisager comme une célébration de la vie. Il intègre la culture dans l’éducation, soutient les artistes, multiplie les fêtes populaires, les manifestations culturelles et renforce le sentiment de communauté en donnant leur place à toutes les cultures de notre territoire.
Il nous semble plus que jamais pertinent de garder en mémoire cette boussole dans une société marquée par la surconsommation effrénée et la marchandisation outrancière, y compris celle des biens culturels (dont certains secteurs tels que l’édition font d’ailleurs l’objet d’une concentration très inquiétante entre les mains de multinationales faisant peu de cas de l’exception culturelle française). Le Nouveau Front populaire revendique cet héritage et souhaite conduire à son tour une nouvelle révolution culturelle qui remplace la triste course à l’accumulation matérielle par une heureuse économie du partage, où la valeur ajoutée réside dans les relations humaines et les échanges culturels. En matière de culture, à l’instar des communards, nous réclamons le luxe communal, c’est-à-dire une culture abondante et qui se partage. Pour cela, nous appelons à donner une nouvelle envergure aux politiques culturelles, par une contribution plus importante de l’Etat au budget public consacré à l’art, la culture et la création pour le porter à 1 % du PIB par an.
Renouer avec le droit à la fête
La politique du ministère devra soutenir de manière directe les politiques culturelles des collectivités territoriales – aujourd’hui étranglées par une raréfaction de leurs recettes fiscales – et à leurs équipements culturels, bibliothèques, théâtres, cinémas de quartier, clubs de lecture, conservatoires… et à toute initiative locale permettant à chacun de s’approprier la culture.
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