Les propositions, sélectionnées dans le cadre de l’appel à créations lancé par Emmanuel Macron, bénéficieront d’un budget de production de 25 millions d’euros.
Capter les sons des grottes préhistoriques de la Vézère pour les restituer en opéra ; créer une «rhapsodie juridique», à partir des archives parlementaires de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, qui mélange documents historiques, comptes rendus dialogués et débats ; détourner les déchets plastiques qui envahissent les fonds marins pour les recycler en mobilier d’accueil ; concevoir un lustre en verre à partir de la flore du parc du château de Bussy-Rabutin (Côte-d’Or) ; imaginer un mobilier de contemplation composé de chaux, de paille, de blé noir pour le cairn de Barnenez (Finistère) ; etc.
Tels sont quelques-uns des 264 projets artistiques qui viennent d’être sélectionnés dans le cadre de la commande publique Mondes nouveaux. Dotée d’un budget de 30 millions d’euros financé par le plan de relance, cette opération, voulue par Emmanuel Macron, vise «à redonner un horizon après la crise sanitaire et créer un nouveau dialogue entre l’Etat et les artistes», insiste l’entourage du président. Dans ce cadre, lundi 8 novembre, le chef de l’Etat devait recevoir, à l’Elysée, les lauréats de cet «appel à créations».
Ces 264 projets mélangeant toutes les disciplines (85 émanent de collectifs) sont portés par 430 artistes. Méconnus ou connus (comme le musicologue François Meïmoun, la metteuse en scène Maroussia Pourpoint, le plasticien et mathématicien Laurent Derobert, la peintre Xinyi Cheng, etc.), 60 % d’entre eux ont moins de 40 ans. Une partie de ces futures créations «résonneront» avec des sites patrimoniaux gérés par le Centre des monuments nationaux ou le Conservatoire du littoral.
Le comité artistique chargé de la sélection a reçu quelque 3 200 projets : «un chiffre merveilleusement effrayant», résume son président, Bernard Blistène, ex-directeur du Musée national d’art moderne, au Centre Georges-Pompidou. Comment s’est opéré le choix ? «Nous avons privilégié l’originalité, la singularité, la générosité des projets et avons recherché un équilibre entre les disciplines», explique-t-il. Ainsi 30 % des propositions relèvent des arts plastiques, 22 % du spectacle vivant et de la musique, 15 % du design, et 26 % sont pluridisciplinaires.
«Il ne s’agissait pas d’apporter un appoint financier à des projets déjà existants, mais d’écouter l’aspiration des artistes, de leur demander : “à quoi pensez-vous, à quoi rêvez-vous ?” Nous sommes partis de leurs souhaits et allons les accompagner tout au long du processus de création», déclare-t-on à l’Elysée.
«Bâtir un portrait du temps»
Parmi les grands sujets qui ressortent de la sélection, on trouve l’écologie, la biodiversité, l’exploration de la terre, mais aussi les «territoires» particulièrement frappés par la crise sanitaire, tout comme les Ehpad ou les ...
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