Culture, missions locales, planning familial et autres structures régionales… La présidente du conseil régional a décidé de faire du zèle dans les restrictions budgétaires, laissant les agents inquiets et démotivés. Mais pas dans certaines dépenses très politiques.
L’heure n’est pas à la fête. Sur l’île de Nantes, le bâtiment «Reflets» imaginé tout en flex office – où le fait de ne pas avoir de poste de travail attitré – n’a finalement pas été inauguré. Et pour cause : depuis mi-novembre, l’ambiance est davantage aux cartons qu’au champagne dans la région Pays-de-la-Loire. Alors que le gouvernement Barnier a annoncé ponctionner 40 millions d’euros sur les finances de la région, sa présidente, Christelle Morançais, a décidé de faire du zèle. Fin novembre, elle déclarait sa détermination à taper plus fort et à entreprendre des économies de l’ordre de 100 millions d’euros. Le budget et ses coupes tous azimuts devant être votés juste avant les vacances de Noël, le 19 et 20 décembre.
Depuis, les structures apprennent la fin de leur subvention, une par une. Il y a eu la culture d’abord. Même si en réalité, elle est loin d’être la seule. Sont également concernés l’environnement, l’égalité hommes-femmes, le sport, l’emploi. Christelle Morançais, proche de Bruno Retailleau – qui a adhéré à Horizons, le parti d’Edouard Philippe en février – a annoncé vouloir se concentrer sur les compétences de la région, mais s’attaque à des structures d’importance. Ainsi le planning familial ou les missions locales se voient retirer leurs financements, des poids lourds du tissu social qui œuvrent pour la jeunesse et l’emploi, compétences pourtant régionales. Dans sa frénésie d’économies, la présidente s’en prend également au conseil régional lui-même. Le mardi 19 novembre, elle présentait son plan de rigueur devant une partie de ses agents : le non‐remplacement de cent postes au sein de la collectivité. Ironie du sort, les principaux concernés seraient justement ceux qui viennent d’emménager en flex office dans les nouveaux bureaux. Le symbole est fort. Imaginés en open space, ils n’ont pas la capacité d’accueillir l’intégralité des équipes et n’offrent pas de bureau fixe. «Ça donne l’impression d’être mis dehors», commente, dépité, un agent. Lors de l’annonce, certains ont choisi de tourner le dos à la présidente, en guise de protestation.
«Conflit de loyauté»
Sur l’île de Nantes, à écouter les fonctionnaires qui acceptent de témoigner, l’ambiance serait devenue invivable. «Le climat est anxiogène. Les gens errent dans les couloirs en manque de sens. Ils ne savent pas si leur mission sera reconduite. Plus personne n’arrive à travailler», témoigne l’un d’entre eux. Il ne peut s’empêcher, a contrario des...
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