C'est un plan de relance d'une ampleur inédite qu'a souhaité l'Elysée pour venir en aide aux artistes sinistrés par la pandémie, avec 30 millions de commandes. Cela complète des dispositifs publics et privés qui ont déjà fait leurs preuves sur le territoire.
Un lustre en verre inspiré de la flore du château de Bussy-Rabutin, une allégorie sur l'enfermement dans un phare breton, un mobilier design à partir de déchets plastiques récupérés des fonds marins, l'enregistrement de sons des grottes de la Vézère pour en faire un opéra musical, une chorégraphie inspirée de la tapisserie de l'Apocalypse interprétée dans les jardins du château d'Angers… Emmanuel Macron a - enfin - donné le coup d'envoi, le 8 novembre à l'Elysée, de ce programme de commande publique baptisé «Mondes nouveaux», doté de 30 millions d'euros, qu'il avait annoncé en mai 2020. En inversant la règle habituelle. «L'idée est d'inciter les artistes à innover, prendre des risques, sortir des chemins habituels, l'Etat se mettant à leur service», a expliqué le président.
Une commande massive, la plus ambitieuse de ce type en Europe, pour vivifier la création sur tout le territoire et venir en aide à des artistes affectés par la crise sanitaire. En effet, 86 % des 2.200 artistes interrogés par l'Adagp (Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques) ont subi une perte de revenu en 2020, et pour 46 % d'entre eux, celle-ci est supérieure à 50 % par rapport à 2019, alors même que le système français a été le plus protecteur. Le Centre national des arts plastiques et certains FRAC (Fonds régionaux d'art contemporain), comme ceux de Nouvelle-Aquitaine et d'Auvergne, ont d'ailleurs enclenché dès l'an passé, des commandes, acquisitions, aides à la production…
3.200 dossiers déposés
Mais cette fois, pas moins de 264 projets représentant 430 artistes confirmés ou émergents travaillant en France (85 sont le fait de collectifs) ont été retenus pour leur singularité, sur 3.200 dossiers déposés. «Un chiffre gigantesque, qui dépasse nos espérances», commente l'ex-directeur du Musée national d'art moderne Bernard Blistène, président du comité de sélection composé d'un philosophe, d'un directeur de centre littéraire, du responsable d'une fondation d'art, d'une chorégraphe, d'un artiste, de spécialistes du design, de la musique contemporaine, du spectacle vivant.
Car autre nouveauté de cet appel à projets : il couvre tout le champ culturel et pas seulement les arts plastiques. Ainsi 29 % des projets concernent les arts visuels, 26 % correspondent à des créations pluridisciplinaires, 22 % sont en lien avec la musique et le spectacle vivant, 14 % avec le design et 9 % l'écriture.
Trois étapes
Les lauréats ont trois mois pour déterminer leur lieu d'accueil, sachant que sont privilégiés les 100 sites gérés par le Centre des monuments nationaux pour «faire dialoguer patrimoine et création» (comme récemment le plasticien Anselm Kieffer et le compositeur Pascal Dusapin au Panthéon), et les 750 espaces protégés par le Conservatoire du littoral.
Certains artistes ont toutefois déjà choisi d'autres terrains de jeu, du patrimoine ostréicole du golfe du Morbihan au monorail de l'aérotrain resté inachevé dans le Loiret, en passant par les plantes médicinales de la Martinique.
Durant cette phase, rémunérée d'une bourse de recherche de 3.000 à 10.000 euros, le coût de production et le calendrier devront être affinés. Cette première étape sera dotée d'un budget de 1 à 2,5 millions d'euros. Ensuite, 5 millions seront affectés à la communication et à la création d'un site Internet dédié au suivi des projets. Enfin, plus de 20 millions financeront les ...
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