Selon une étude du Centre national de la musique, le chiffre d’affaires du secteur chutera de 75 % à 82 % cette année par rapport à 2019.
Après une année 2020 calamiteuse en France pour les spectacles vivants de musique et de variétés, mis à l’arrêt en raison de la pandémie de Covid-19, la profession espérait un rebond en 2021. Il n’en est rien et les prévisions restent très sombres, selon une étude du Centre national de la musique (CNM) publiée lundi 4 octobre. «Bon nombre de festivals ont pu se tenir cet été, grâce à l’opiniâtreté des organisateurs, qui se sont adaptés à une situation fluctuante, et grâce au fonds festivals abondé par le ministère de la culture, mais c’est l’arbre qui cache la forêt», décrypte Jean-Philippe Thiellay, président du CNM.
L’étude a retenu deux scénarios, une perte totale d’activité entre janvier et mai avec, dans le premier cas, une reprise progressive à l’été et, dans l’autre, une reprise faible au second semestre. Dans les deux situations, le résultat est le même : «Les recettes de billetterie chuteront de 75 % à 82 % par rapport à 2019 pour s’établir à 317 millions d’euros ou à 223 millions», pronostique l’étude.
En tenant compte des recettes habituelles de bar et de restauration, le chiffre d’affaires de la filière devrait osciller entre 1,7 et 1,9 milliard d’euros, soit un effondrement dans les mêmes proportions que la billetterie de 75 % à 82 % par rapport à 2019. Les salles de concerts dont les jauges dépassent les 5 000 places seront les plus violemment affectées avec une dégringolade de 85 % à 89 % de leur activité en 2021 par rapport à 2019.
Un faisceau de facteurs explique la chute vertigineuse de la vente des billets de concert depuis le début de la pandémie. Pour les publics, les réticences à reprendre les sorties culturelles ou les difficultés économiques ont joué un rôle non négligeable. Mais, avant tout, l’offre s’est tarie, en raison notamment du décalage des grandes tournées des artistes internationaux à 2022. Ce qui a conduit les organisateurs de concerts à annuler en cascade leur programmation, à reporter sans cesse leurs spectacles… et à rembourser les réservations. Outre la réduction des jauges qui a amputé les recettes, les festivals et les salles de concerts ont dû engager des dépenses supplémentaires (espaces de tests, personnel de vérification du passe sanitaire).
Très poussif rebond
L’année 2021 devrait donc tristement ressembler à 2020 et constituer une deuxième année «blanche» pour la musique en live. Le très poussif rebond du secteur intervient alors que la filière du spectacle vivant avait pourtant connu une réelle embellie en 2019, marquée par plus de 30 millions d’entrées dans l’Hexagone. Le prix moyen des billets de concert s’était établi à 35 euros, même si des écarts importants étaient toujours constatés entre les spectacles, avec des pics à plus de 160 euros pour les plus grandes stars.
Le CNM a également analysé la façon dont les Etats européens ont soutenu leur filière musicale. Peu de pays ont aidé, pendant la crise sanitaire, l’ensemble de la filière musicale : les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique en passant par les producteurs, organisateurs de spectacles, les agents, labels ou disquaires. Encore moins ont mis en place des ...
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