L’omniprésence des smartphones dans nos vies entraîne des résistances. On voit depuis quelques années fleurir dans le secteur de la musique des prises de positions contre leur utilisation pendant les spectacles. États des lieux d’un rapport ambivalent à ces outils.
« Arrêtez de regarder le monde à travers vos téléphones » arguait déjà en 2014 Edward Norton dans le film Birdman. Une remarque que l’on entend régulièrement depuis l’arrivée des smartphones et la tendance d’une bonne partie d’entre nous à filmer, photographier ou rester captivés par nos écrans. Rahim Redcar (anciennement Christine and the Queens), Placebo, Bob Dylan, William Christie ou Keith Jarret ont pris position : ils refusent les téléphones portables à leurs concerts. En face, certains artistes comme Damon Albarn, le chanteur du groupe Blur, fustigent ces interdictions, militant pour la liberté de chacun à vivre le moment comme il l’entend.
« C’est une question qui se redéploie sans cesse en fonction des nouveaux dispositifs technologiques et de leurs usages, explique le sociologue Loïc Riom, auteur de « Musique live et Génération Z ». Avant l’arrivée des téléphones portables, certains artistes se plaignaient déjà de la présence de photographes ou de la place que prenaient les dispositifs de captations sur et autour de la scène. » Pourtant, pour exister économiquement, le concert a besoin de cette médiatisation. Le public, en postant sur les réseaux sociaux des extraits de l’évènement auquel il assiste, en plus de signifier au monde qu’il s’y trouve, donne une certaine visibilité aux artistes, à la salle ou au festival. Certains artistes peuvent même encourager les spectateurs à utiliser leurs téléphones. En 2021, le duo de rappeurs PNL plongeait le public dans le noir et lui demandait d’éclairer la salle à la lueur de leurs flashs.
À la Philharmonie de Paris, les téléphones sont bannis pendant les représentations en configuration assise. « Nous essayons de rester restrictifs, surtout pour protéger le droit à l’image des artistes, témoigne le secrétaire général Hugues de Saint Simon. Il y a également une question de confort du public, quand quelqu’un sort son téléphone cela peut gêner les personnes autour. » Et le public de la Philharmonie peut être tatillon. Jean-Philippe Ollivier, aujourd’hui responsable du service communication de la salle de musiques actuelles Stéréolux à Nantes, était chargé de marketing de l’institution parisienne. Il se souvient de tensions entre des spectateurs alors que l’un d’entre eux consultait la feuille de salle sur son téléphone : « Une personne s’était fait alpaguer assez violemment par une autre, importunée par la lumière. C’est finalement la réaction disproportionnée qui a perturbé le concert, plus que l’utilisation du smartphone. » Pour prévenir ce type de situations, les agents d’accueil sont...
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