Face à la polémique suscitée par les accusations de violences sexuelles visant Sofiane Bennacer, des exploitants de cinéma annoncent retirer le film de leur affiche, et réfléchir à des moyens de le reprogrammer avec un appareil critique, sous forme de projections-débats.
Les accusations à l’encontre de l’acteur Sofiane Bennacer, mis en examen pour «viols et violences sur conjoint» en octobre, et visé par plusieurs témoignages de jeunes femmes révélés par l’enquête de Libération, jettent une ombre sur la réception et la vie en salle des Amandiers. En découvrant l’affaire, des exploitants de salles ont immédiatement souhaité prendre leurs distances avec le film à l’affiche depuis le 16 novembre (environ 100 000 entrées à ce jour), jusqu’à le retirer de leur programmation.
Joint par Libé samedi, le programmateur du Concorde à la Roche-sur-Yon, Morgan Pokée confirme : «Suite à une discussion avec le distributeur, le film a été retiré de l’affiche hier jusqu’au mardi 29 novembre, le temps de réfléchir collégialement à la situation.»
Le film «à la croisée de plusieurs questions»
Ce vendredi soir, le directeur et programmateur du cinéma l’Ecran de Saint Denis Laurent Callonnec avoue quant à lui avoir révisé sa «position initiale de déprogrammer le film» pour de bon, optant finalement pour un maintien de projections accompagnées de débats. «On ne peut plus programmer un film de manière anodine, surtout lorsqu’on est une salle financée par les deniers publics, et qu’on découvre cette affaire un jour comme celui-ci [journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, ndlr]. Finalement, je le mets de côté le temps d’organiser un temps de parole, de réflexions pour l’accompagner. Je n’appelle pas à la censure mais défends la liberté d’expression dans les deux sens. Qu’on le veuille ou non, le film est entré dans le débat public. Le distributeur Ad Vitam a compris notre démarche. Ce que je leur reproche, c’est de ne pas nous avoir informés, alors que cette transparence avait existé pour Mes frères et moi [film de Yohan Manca, accusé de violences conjugales par son ex-compagne Judith Chemla]. Ma réflexion, c’est de ne plus laisser un film exister dans un contexte problématique sans laisser la liberté aux gens de le voir en connaissance de cause, non comme consommateurs mais comme spectateurs.»
Dans son communiqué, la direction de l’Ecran de Saint-Denis estime que...
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