La ministre de la Culture s'est rendue aux Biennales internationales du spectacle. Plus de trois heures de déambulation dans les allées, afin de rassurer un secteur très inquiet pour son avenir. Reportage.
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Avec Louis-Valentin Lopez, Journaliste
Presque 15.000 participants, plus de 180 exposants. Après trois ans d'absence pour cause de pandémie, les Biennales Internationales du Spectacle ("Bis") ont connu une affluence record, selon le bilan des organisateurs. Ces Biennales se sont tenues mercredi et jeudi à Nantes, avec hier une invitée particulière : Rima Abdul Malak. La ministre de la Culture a été à la rencontre des acteurs du spectacle vivant. Plus de trois heures de déambulation dans les allées, dans un contexte de vive inquiétude pour le monde de la culture. Reportage.
Poignées de main cordiales et interpellation
Les poignées de main sont cordiales, les échanges polis. La ministre de la Culture prend le temps de s'attarder sur les stands. Griffonne sur son carnet : le cahier de doléances est bien chargé. "Les Bis de Nantes sont un moment emblématique, qui fédère tout un secteur, il était donc très important pour moi d'être là", souligne Rima Abdul Malak : "Il y a des difficultés, pour le secteur de la culture en général et celui du spectacle vivant en particulier. Mais il y a aussi des initiatives inspirantes, des collectivités qui s'engagent aux côtés de l'État. Nous développons de nouveaux dispositifs : par exemple un fonds d'innovation territorial, dont j'ai parlé hier, car j'ai réuni un conseil des territoires pour la culture avec les fédérations d'élus."
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Mais les collectivités réservent un accueil bruyant à la ministre ("bienvenue sur le stand de la non-culture !"), alpaguée sur une baisse à venir des subventions de la région Loire-Atlantique pour la culture. "Qu'allez-vous pouvoir faire auprès de la région ?", l'interroge Aline Lainé, comédienne, membre de Synavie, culture en lutte et de l’association Ouvrir l’horizon. "Vous savez, je constate cette situation dans plusieurs régions. L'État peut dialoguer, peser dans les discussions, mais l'État ne peut pas systématiquement compenser les retraits et les désengagements des collectivités, c'est un vrai sujet", répond Rima Abdul Malak.
Le coût de l'énergie au cœur des préoccupations
Un peu plus loin, la ministre est aussi interpellée par un membre de l'association Étoile lyrique, qui s'inquiète lui des conséquences de l'explosion des coûts de l'énergie, sujet brûlant. "Certains théâtres et établissements annulent des programmations pour des raisons énergétiques, avez-vous des remontées sur ce sujet ?", questionne-t-il. "La première réponse, c'est qu'il existe tous les dispositifs transversaux du gouvernement : il faut déjà actionner ces aides, qui ont été améliorées début janvier. Nous allons aussi regarder au cas par cas ceux qui se retrouvent dans une situation dramatique, qui bénéficieront eux d'une aide exceptionnelle. Nous sommes en train de recenser ces cas critiques."
Au programme aussi : déjeuner puis réunion avec les acteurs de la culture. Les échanges sont plutôt fructueux, de l'avis de Malika Séguineau, directrice générale du Prodiss, le syndicat national du secteur privé du spectacle vivant : "L'idée est de nouer avec la ministre de la Culture un dialogue permanent. Récemment, nous avons eu à mener avec elle des discussions sur la question des Jeux Olympiques et des festivals, nous avons traité le sujet. Il s'agissait aujourd'hui, lors des Bis, de repasser en revue les grands sujets du secteur, nos inquiétudes, nos incertitudes et nos demandes de réponses." Pas de grandes annonces de la ministre à Nantes, il s'agissait plutôt de rassurer les acteurs du spectacle vivant, à l'aube d'une année 2023 qui s'annonce, de l'avis de tous, très agitée.
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