Malgré les incertitudes liées à la crise sanitaire, les organisateurs du festival de théâtre se refusent à tout nouveau report. Après l’annulation de la dernière édition, la programmation se veut plus ambitieuse avec l’ajout d’une journée supplémentaire et l’inauguration d’une nouvelle salle.
Ils sont «raisonnablement optimistes», ils sont «optimistement raisonnables», la soixante-quinzième édition du festival d’Avignon se tiendra bien du 5 au 25 juillet prochain et il y aura même une journée supplémentaire par rapport à d’habitude et donc quatre spectacles en plus et une augmentation de la jauge totale de vingt mille places, parce qu’il y a l’inauguration d’une nouvelle salle ! Cette édition prochaine du «plus grand festival du monde» intitulée «Se souvenir de l’avenir», un emprunt à Aragon, sera bien celle de la relance et, dixit Elisabeth Amoros du conseil départemental, celle «d’un retour à la normale». A condition évidemment que les salles puissent être pleines à 100 %. «L’optimisme raisonnable» est le nouveau mantra du directeur élégamment anthracite du festival d’Avignon, qui l’assène à plusieurs reprises à la fin de la présentation de sa très attirante programmation (ce n’est pas une coquille), rejoint par son adjoint Paul Rondin.
«La saison se tiendra et elle nous émerveillera»
L’autre scénario, et il n’y en aura pas trois, est la réduction de la jauge, dont il est impossible aujourd’hui de prédire le pourcentage – 30, 40, 60 % ? Tout est possible, faites vos jeux, et à ce moment de la conférence de presse, le directeur a une pensée bienvenue et émue à l’égard des équipes de billetterie et d’accueil de festival, qui se démèneront pour rembourser des billets alors que les spectacles se jouent – mais à jauge réduite. Olivier Py n’envisage ni annulation ni report possible. Donc le réel devrait obtempérer et le virus arrêter de circuler et les vaccins être là. Pourquoi pas ? Comme en écho, Roselyne Bachelot, interviewée la semaine dernière, délivre ses bons vœux dans une pastille filmée : «La saison se tiendra et elle nous émerveillera, elle sera celle de l’exigence théâtrale retrouvée.» «Ce serait celle de la dragée haute au virus», assure de son côté Michel Bissière, conseiller régional. Tandis qu’Olivier Py le répète : «Les spectateurs sont des agents responsables» et il n’est pas envisagé de mesures particulières – brandir son test PCR – à part le port du masque et l’usage de gel hydroalcoolique.
En revanche, comme le festival de Cannes se tiendra au même moment, Py invite les directrices et directeurs de journaux à augmenter considérablement leurs paginations culture, et lui-même tiendra – à mi-chemin ? – une causerie avec Thierry Frémaux. Autre adresse qui s’annonce surprenante : le centenaire Edgar Morin, seul sur l’immense plateau, dans la cour du Palais des Papes, dont les gradins ont été entièrement réaménagés de manière à être «très belle et très démocratique», c’est-à-dire confortable visuellement pour tout le monde quel que soit son âge, sa forme et son handicap. Le In se tiendra-t-il si les bars et les restaurants restent fermés ? Oui, mais ce sera triste. Le In se tiendra-t-il si le Off doit se résoudre à ne pas avoir lieu – les salles sont petites, les...
Lire la suite sur liberation.fr