Sans le soutien des compagnies d'assurance pour permettre la reprise sur les plateaux, les producteurs ne voient pas le bout du tunnel. A la différence des exploitants, qui organisent peu à peu la réouverture.
Plus d’un mois après le début du confinement, le ciel tarde à s’éclaircir pour les producteurs de cinéma et de l’audiovisuel. Ce jeudi 23 avril, 18 d’entre eux interpellaient le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, pour l’alerter sur l’enlisement des négociations censées permettre une reprise des tournages à l’issue du confinement. Faute d’avoir su convaincre les compagnies d’assurance de prendre en charge le risque pandémie après le 11 mai, aucun plateau ne saurait reprendre une activité normale. Contactée par Libération, une source interne du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) – dont «l’essentiel des fonctions vitales», tenue des commissions, instruction des dossiers d’aides est à ce jour rétabli – évoque un «goulot d’étranglement, voire un facteur de blocage complet» dans la suite du processus de reprise.
«La production est en état de mort clinique, et complètement paralysée, assène Olivier Zegna Rata, délégué général du Syndicat des producteurs indépendants (SPI). S'il existe demain un cas, même unique, de Covid-19 sur un tournage qui oblige à placer toute l'équipe en confinement local, ce ne sera pas l'Etat qui prendra en charge l'activité partielle cette fois-ci.» Très vite, le sinistre se répercuterait sur les chaînes de télévision et les plateformes de streaming, dont le recours aux «fonds de tiroir» ne pourra pas compenser l'absence de nouveautés éternellement.
Création d'un fonds pandémie
A ce jour, les pertes pour les sociétés de production se chiffrent au-delà de 200 millions d'euros. Et le préjudice grandit à mesure que celles-ci sont contraintes d'avancer l'activité partielle de leurs équipes, sous couvert d'un remboursement par l'Etat «dans un délai qui n'est pas encore connu.» «Certaines sociétés ne pourront pas tenir plus de deux mois», avertit le Olivier Zegna Rata, qui cite notamment le secteur très abîmé de la production documentaire (internationale et régionale), dépendant des mobilités de tournages, et de celui de la captation de spectacle vivant qui tire l'essentiel de ses revenus des festivals d'été annulés à la chaîne.
Désormais, la filière mise sur la...
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