Son directeur Joris Mathieu avait ouvertement dénoncé dans “Télérama” la politique culturelle autoritaire de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Son président Laurent Wauquiez le sanctionne en le privant de toute subvention.
La liberté de parole se paie au prix fort en Auvergne-Rhône-Alpes. Le Conseil régional présidé par Laurent Wauquiez (Les Républicains, LR) a annoncé la suppression totale de la subvention annuelle de 149 000 euros allouée au Théâtre nouvelle génération (TNG) de Lyon. Une mesure de rétorsion prise à l’encontre de son directeur, Joris Mathieu, qui critiquait sévèrement dans Télérama et dans une tribune mise en ligne par le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndéac, donc il est membre), la politique culturelle du Conseil régional, l’opacité et l’absence totale de concertation dont il faisait preuve pour l’attribution des subventions aux établissements culturels, et l’autoritarisme personnel de Laurent Wauquiez.
« Nous avons bien entendu les propos et les désaccords du directeur et nous avons fait le choix de retirer l’intégralité du financement à cette structure », a asséné la vice-présidente déléguée à la culture en Auvergne-Rhône-Alpes, Sophie Rotkopf, lors d’une conférence de presse, vendredi 28 avril. Une décision brutale qui illustre en l’assumant pleinement l’arbitraire et « la culture de la peur » précisément dénoncés par Joris Mathieu. « Comment voulez-vous discuter avec quelqu’un qui ne veut pas discuter ? Il n’a de cesse de mépriser la Région, et à travers sa démarche il méprise tous les habitants en dehors de la métropole lyonnaise », s’est justifiée Sophie Rotkopf.
Curieuse réécriture de l’histoire quand on sait que depuis plus d’un an maintenant Joris Mathieu comme la quasi-totalité des acteurs culturels locaux ainsi que les organisations professionnelles du secteur se voient opposer une fin de non recevoir à toutes leurs demandes de discussion avec le Conseil régional. Et que c’est ce même Conseil régional qui, sans la moindre concertation préalable, a annoncé par voie de presse au printemps 2022, une baisse brutale de leurs subventions à plus d’une centaine d’établissements au nom d’un « rééquilibrage territorial » entre les métropoles et les zones rurales. Une politique peu suivie d’effet jusqu’à présent mais dont le principe a été rappelé par la vice-présidente déléguée à la culture pour justifier l’augmentation cette année de 1,3 million d’euros, accordée aux festivals organisés dans la région.
« Jusqu’à présent, les grandes institutions artistiques métropolitaines concentraient quasiment 60 % du budget culture de la région, au détriment des plus petites structures et manifestations des autres territoires », a-t-elle expliqué, selon le journal Le Monde. Une argumentation qui pourrait être discutée si elle n’était avant tout une façon détestable d’opposer les métropoles au monde rural dans un usage purement électoral au service de Laurent Wauquiez, désormais en campagne pour la prochaine élection présidentielle. Et un discours qui fait semblant d’ignorer que les établissements culturels publics ont déjà pour vocation et obligation de...
Lire la suite sur telerama.fr