
Le Syndicat des musiques actuelles (SMA) a mis à jour en mars dernier ses chiffres-clefs. Des données qui alimentent les arguments du syndicat pour promouvoir le secteur musical subventionné, alors que les nuages financiers s'amoncellent sur les salles de concert et les festivals.
Les chiffres-clefs du Syndicat des musiques actuelles (SMA, 600 adhérents) pour 2024, livrés en mars dernier, mettent à jour des données qui dataient de 2019. Ils permettent notamment de cerner quelques forces et faiblesses des salles de concert et des festivals, acteurs qui sont très liés aux collectivités locales par le biais des subventions et des missions d’intérêt général qu’ils exercent (action culturelle, éducation artistique et culturelle, soutien des artistes émergents).
Ce n’est donc pas un hasard si 75% des adhérents du SMA relèvent d’associations à but non lucratif.
En moyenne, le budget des salles de concerts (1,235 million d’euros) comprend 51% de subventions publiques. Pour les festivals (avec un budget moyen de 1,320 million), ce ratio flirte avec les 20%. Une différence qui s’explique entre autres par l’investissement au long cours des salles dans l’action culturelle et l’émergence artistique, missions par nature non rentables.
Des baisses de subventions jamais vues
La crise budgétaire à laquelle sont confrontées les collectivités a donc un impact très fort sur l’avenir de ces acteurs, dont beaucoup voient leurs subventions diminuer depuis deux ans.
Avec, pour ce qui est de 2025, un désengagement inédit des collectivités non seulement sur le plan financier, mais aussi, pour certaines d’entre elles, politique. « C’est du jamais vu depuis vingt ans, témoigne Aurélie Hannedouche, directrice du SMA. Jamais on n’avait entendu des élus remettre en question le soutien public de la culture. Si on continue ainsi, il n’y aura plus, dans cinq ou dix ans, que des acteurs privés qui programment des têtes d’affiche, et ne font pas d’action culturelle. »
Cet amoindrissement du soutien public survient alors que, ces dernières années, les dépenses des structures ont augmenté en raison de la crise inflationniste, de l’augmentation des coûts de sécurité et des cachets des artistes, et des dépenses induites par la réglementation sur les musiques amplifiées. D’où un effet ciseaux qui place les acteurs de ce secteur dans une situation critique (lire encadré).
Le public au rendez-vous
Néanmoins, depuis la fin de la crise sanitaire, « nous n’avons pas de problèmes de fréquentation, ni dans les salles, ni dans les festivals », se félicite Aurélie Hannedouche. En moyenne, en 2023, 17 600 personnes ont été accueillies dans chaque salle (la fréquentation médiane se situant à 10 500).
Quant aux festivals, ils ont accueilli en moyenne 7000 personnes par jour, sur une durée médiane de quatre jours.
En moyenne, le public a déboursé 15 euros (plein tarif) pour assister à un concert dans une salle de musiques actuelles. Pour les festivals, le prix moyen s’élève à 29 euros.
Pour les festivals, « l’équilibre est toutefois très complexe à trouver, note le SMA dans le livret de présentation de ses chiffres-clefs, puisque le seuil de rentabilité, c’est-à-dire le pourcentage de la jauge à atteindre pour parvenir à l’équilibre financier, est en moyenne de 81% (médiane : 84%). »
Risque de privatisation
« Compte tendu de l’effort financier que l’Etat demande aux collectivités, il est irréaliste de les solliciter pour mettre la main à la poche pour les festivals déficitaires, estime Aurélie Hannedouche. En revanche, il faut que les collectivités, qui sont nos partenaires, aient conscience des enjeux que les festivals doivent affronter, pour faire en sorte que ces projets artistiques continuent. Elles peuvent être facilitatrices, par exemple, par la mise à
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