Le budget de la culture avait été amputé de près de 3 % hors inflation fin 2022. De nombreuses salles de spectacles peinent à faire face à l’augmentation des coûts.
Une éclaircie dans un ciel de plomb. Après avoir raboté sur trois exercices les subventions municipales aux établissements culturels et aux associations du même secteur, la Ville de Paris semble vouloir colmater les brèches pour revenir au niveau de 2020. Une enveloppe de 11 millions d’euros supplémentaire pour la culture sera soumise à l’approbation des élus en mars puis en juillet, afin de remplumer des structures affaiblies. « Une hausse de 10 %, c’est inédit », se félicite Carine Rolland, adjointe à la maire chargée de la culture.
En décembre dernier encore, le budget de la culture avait été amputé de près de 3 % hors inflation. La manne avait alors chuté de 170,2 millions d’euros à 165,7 millions en 2023. Particulièrement touché, le patrimoine accusait une baisse de 19 %. A la Philharmonie de Paris, cofinancée par l’Etat, la subvention de fonctionnement de la ville a chuté en 2022 de 11,2 millions à 6,7 millions d’euros – la Ville a toutefois tenté de compenser par une enveloppe d’investissement de 3,5 millions d’euros. La Gaîté-Lyrique, qui opérait jusque-là en délégation de service public, vient d’être transformée en concession, perdant au passage 1,2 million d’euros de subvention. « Tous les budgets sont arrivés à l’os », reconnaît Christophe Girard, ex-adjoint à la culture, qui veille toujours sur son secteur au sein du Conseil de Paris.
Aux coupes, s’ajoute pour la plupart des établissements une flambée des coûts de l’énergie. Dans le budget prévisionnel 2023 de la Philharmonie de Paris, l’impact de l’inflation a ainsi été évalué à cinq millions d’euros. « Nous espérons remonter la pente avec des économies d’énergie et les aides de l’Etat auxquelles nous avons droit », indique son directeur général Olivier Mantei, confiant suite à ses échanges avec le cabinet d’Anne Hidalgo, de retrouver son niveau de subvention de 2020.
A l’Institut des cultures d’islam, l’électricité, dont les tarifs ont augmenté de 280 %, représente désormais une charge annuelle presque équivalente à la programmation artistique et culturelle. Au Centquatre, le coût de l’énergie compromet le bilan pourtant positif de l’établissement. « On a normalement un budget de 250 000 euros pour les fluides, avec les propositions qu’on a reçues on passait à 1,4 million, vous voyez le choc ? », avance son directeur José-Manuel Gonçalvès. Mieux loti, le Forum des images, hébergé dans un local des Halles appartenant à la Ville, n’a aucune facture d’énergie. « Avec nos six millions de subventions, je ne dis pas que c’est simple, mais cela permet d’assurer la programmation », sourit Claude Farge, son directeur avant d’ajouter : « en dessous, toutefois, on serait en crise ».
« Miracle » budgétaire
Entre inquiétude et angoisse, les acteurs culturels parisiens cherchent des signes politiques et échangent sur leur interprétation. L’embauche d’Aurélie Filippetti au poste de directrice des affaires culturelles a été vue comme le début d’un retour d’affection d’Anne Hidalgo pour les arts. De fait, l’ancienne ministre de la culture, qui avait dû justifier un coup de rabot sans précédent pour la culture dans les premiers mois du quinquennat de François Hollande, n’est pas venue pour endosser le même costume de cost-killer.
D’autant qu’un « miracle » budgétaire s’est produit au même moment : le relèvement de la taxe foncière des Parisiens. L’augmentation de 7 points, de 13,5 % à 20,5 %, dégage pour la Ville un surcroît de recettes de 586 millions d’euros en 2023. Cet « appel d’oxygène », pas question de le laisser filer. « On veut montrer que la culture est essentielle, qu’elle fait partie de notre écologie mentale », insiste Aurélie Filippetti, sans révéler la ventilation des bonus.
Aurélie Filippetti a su convaincre Anne Hidalgo de l’intérêt politique de...
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