Retard à l'allumage ou dysfonctionnement gouvernemental ? Les propriétaires de galeries d'art s'insurgent contre leur fermeture sanitaire alors que les maisons de ventes restent ouvertes.
Le confinement, avec ses mesures de restrictions, fait exploser les mécontents. Avec pour effet de diviser en deux camps, galeries d'art et maisons de ventes aux enchères. Ces deux entités n'ont jamais vraiment été amies mais elles n'ont jamais dit ne pas vouloir collaborer pour défendre la place de la France, face à un marché mondialisé de plus en plus concurrentiel. Le système actuel aboutit à un non-sens.
«Cette aberration est le résultat du désastre de l'organisation de l'administration française ! », s'insurge le galeriste Emmanuel Perrotin.Ce frondeur a réagi ce week-end, en postant une story qui a fait beaucoup de bruit sur son Instagram. Sous le drapeau bleu, blanc, rouge, on y voit, d'un côté, le ministère de la Justice qui fait autorité pour les salles de ventes, «donc elles sont ouvertes». De l'autre, le ministère de la Culture dont les galeries dépendent, «du coup elles sont fermées ». En conclusion, il est écrit que «le ministère de la Culture a trop de problèmes à gérer. L'art contemporain n'est pas leur priorité ». Le message est clair et percutant.
Dans le même temps, le Conseil des ventes volontaires (CVV), organisme de régulation du marché de l'art censé transmettre les décisions des pouvoirs publics, envoyait à ses adhérents un message daté de samedi. «Pour la seconde fois dans cette période difficile que nous traversons depuis plus d'un an, je suis porteur de bonnes nouvelles, annonçait, réjoui, son président Henri Paul. Le gouvernement maintient l'ouverture des salles de ventes volontaires dans les zones où des mesures restrictives sont prises en raison de la progression de la pandémie. Vous allez donc pouvoir maintenir votre calendrier de ventes sans changement en veillant bien évidemment au strict respect des gestes barrières et les précautions sanitaires habituelles.»
Question d'influences et de relations auprès du ministère concerné, voire du premier ministre ? Tout porte à le croire. Notons que la Justice a moins de dossiers à étudier que la Culture et que c'est la seule activité marchande sur laquelle elle doit trancher. Rue de Valois, dans le bureau de Roselyne Bachelot, il y a aussi à débattre du sort des théâtres, des salles de cinéma. Et bien sûr des musées qui subissent le même sort alors qu'ils estiment une réouverture totalement possible dans le respect des règles sanitaires.
Si le Comité professionnel des galeries d'art y voit «une discrimination déloyale» de la part du monde des enchères, elle n'a visiblement pas réussi à faire le poids à la Culture. «En mai, nous avions eu l'autorisation de rouvrir car nous sommes des entreprises et des commerçants. Le fait que les maisons de ventes restent ouvertes, nous positionne dans une distorsion de concurrence. On ne peut pas laisser faire», estime sa présidente, Marion Papillon. On demande un arbitrage de Matignon. Notre cas est sur la table, chez Alain Griset, ministre délégué aux Petites et moyennes entreprises. Les librairies sont ouvertes et pas nous ! Alors que nous comptons près d'un millier de galeries en France, c'est absurde...», ajoute-t-elle.
Le Conseil des ventes volontaires défend sa...
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